Avec 80% des sièges obtenus en Écosse, soit 48 députés (+ 13), le SNP (Parti National Écossais) obtient un véritable plébiscite. La campagne anti-brexit n’a souffert d’aucune ambiguïté. Le vote massif des Écossais s’est bien porté sur le choix d’une nation indépendante qui se maintiendrait dans l’Union Européenne. Il y a aussi un rejet très fort du Parti Conservateur et de ses politiques de prédations des services publics. La grève très populaire des postiers écossais contre des requins de la finance de la City, est révélatrice de cette polarisation. 5 circonscriptions écossaises, bastions historiques des Conservateurs, sont tombées au profit du SNP.
La première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, forte de cette légitimation populaire a déclaré qu’un second référendum sur l’indépendance de l’Écosse relevait du droit démocratique du Peuple Écossais. Pour le SNP c’est au parlement écossais de décider de l’organisation de ce second référendum et certainement pas au gouvernement de Westminster. Nicola Strugeon a demandé à Londres de respecter le suffrage universel en Écosse.
Boris Johnson a répondu très fermement qu’il n’y aura pas de second référendum. Il ne veut pas en entendre parler.
Vers un scenario à la Catalane ?
Avec 365 sièges, 56,15 % des voix et une majorité absolue au parlement, Boris Johnson sacre le triomphe d’un vote national-populiste. Toute sa campagne a été axée sur «l’amour du pays» et les grandes potentialités de la «Nation» britannique. Ce discours a séduit dans une très large mesure les franges électorales classées à l’extrême droite. Mais il a aussi réussit à capitaliser une partie du vote travailliste acquis au Brexit et opposé au discours «anti-occidental» (dixit une députée travailliste pro-brexit) du Leader du Labour, Jeremy Corbyrn.
La confrontation directe avec la volonté d’autodétermination écossaise paraît donc inévitable. Il n’est pas certain que cette confrontation demeure longtemps dans le cadre d’une situation de blocage institutionnelle comme c’est le cas en Corse, compte tenu de la détermination des Écossais.
Qu’elle sera l’attitude de Londres si Édimbourg organise un référendum pro-indépendance qui est assuré de l’emporter ?
Dans le cadre des accords de sécurité anciens liant Londres, Paris et Madrid, la réaction de Boris Johnson pourrait être brutale. Mais alors que le processus de sortie de l’U.E coûtera très cher à l’Angleterre, Londres a-t-elle les moyens d’investir dans une répression coûteuse ? L’Europe va-t-elle cautionner un nouveau déni de démocratie comme nous l’avons vu en Catalogne ?
La situation politique en Écosse mérite une attention de notre part, car elle pourrait clarifier définitivement les orientations stratégiques de l’Europe libérale sur le Droit à l’Autodétermination des peuples sans États. Toute notre solidarité va au Peuple Écossais.
A MANCA