La victoire de Donald Trump aux U.S.A doit être analysée avec précision. On ne peut nier que ce vote populiste a cristallisé ce que les Etats-Unis comptent de plus réactionnaire dans leur électorat, soit un vote raciste, sexiste et nationaliste blanc de type WASP.
Pour autant, réduire le score de Donald Trump à une adhésion massive du peuple américain aux idées de l’extrême droite constituerait une grossière erreur d’appréciation. En effet, dans ce vote massif de rejet, s’est aussi exprimé un vote issu des minorités, des femmes et des laissés pour compte après trente ans de néo-libéralisme. C’est la paupérisation massive de ces catégories qui a explosé en 2008 lors de la crise des subprimes.
C’est la continuité de ces politiques néfastes au service d’un capitalisme financier prédateur qui a été sanctionnée. Les tenants du capitalisme globalisé et financier, qu’ils soient démocrates ou républicains, ont été laminés par un vote multiforme issu des classes populaires et moyennes sinistrées.
C’est le discours illusoire d’une période de protectionnisme annoncée et de grands chantiers à venir qui a séduit les victimes de plans sociaux massifs et de dépossessions immobilières. Penser Donald Trump en promoteur d’un nouveau New Deal isolationniste représente pour le moins un pari risqué pour ces électeurs désorientés par les politiques d’abandons successives menées par des néo-libéraux dogmatiques.
Hilary Clinton paye son engagement sans faille aux côtés des barons de Walt Street. Ajoutons qu’elle elle est loin d’avoir fait le plein dans son propre camp. Quarante millions de pauvres ne votent plus et la campagne des primaires démocrates a démontré la crise profonde existant au sein des classes populaires. Celles-ci ont permis à Bernie Sanders, plus à gauche dans le contexte U.S, d’atteindre une influence électorale jamais vue depuis longtemps dans la patrie du capitalisme. Malgré son ralliement de pure forme au clan Clinton, Bernie Sanders, dont la campagne virulente contre les « billionnaires » démocrates a été très populaire, n’a pas pu mobiliser ses sympathisants de gauche pour Clinton, et pour cause, six millions d’électeurs démocrates ne se sont pas déplacés.
Indépendamment des questions sociétales importantes (droits des femmes, droits des minorités, etc…), bon nombre d’américains ont exprimé leur colère contre les dogmatiques néo-libéraux de Washington, déconnectés des réalités de leur quotidien et incapable de réformes économiques et sociales plus justes. Tout au contraire, pendant la crise de 2008, les capitalistes américains ont augmenté leurs profits de 85 %.
On verra bien si l’appareil d’Etat fédéral américain va laisser le président Donald Trump mettre en oeuvre ses propositions les plus irréalistes et incohérentes ou laisser s’installer un climat de guerre civile. Ce qui est certain, c’est que les américains les plus vulnérables vont vite découvrir la véritable nature politique d’un capitaliste tout puissant, fusse-t-il populiste.
Ce scrutin est riche d’enseignement pour les élections à venir en France. Il est mécaniquement très probable que la politique néo-libérale de Hollande, dans la continuité de celle de Nicolas Sarkozy, provoque un mouvement identique de rejet. Seule une meilleure répartition des richesses pourrait faire reculer le populisme dans le monde. En France comme ailleurs, dont sa colonie corse, il demeure plus facile de mobiliser et d’instrumentaliser la colère que la raison. La construction d’une société plus juste et plus solidaire demeure pourtant la seule alternative tenable.
A MANCA