Comme cela était amplement prévisible, des divergences profondes divisent les marins des différentes compagnies. Ces clivages font le jeu des lobbies et donc du patronat. Nous déplorons cette situation, d’autant que réunis sur une même base, les marins et les sédentaires pouvaient imposer des solutions garantissant les intérêts des salariés et du public.
Par ailleurs, il n’est pas aisé pour la population de maîtriser les enjeux. Ce, parce que le dossier est rendu complexe par ses aspects techniques et juridiques et parce que à aucun moment l’avis du bon peuple n’a été vraiment sollicité. Or, l’ensemble de la société corse est très directement concernée par les enjeux. Les patrons du transports, du secteur de la grande distribution et plus largement de tout le secteur du commerce, devraient cependant se souvenir que ce sont les consommateurs qui font tourner la machine économique. Il se trouve que dans leur immense majorité, ce sont les salariés du public et du privé, les retraités, et, y compris les chômeurs qui constituent la clientèle.
Mais nous sommes persuadés, que ce sont les tenants de l’industrie du tourisme qui mènent la danse sur la question des transports, qu’ils soient d’ailleurs maritimes, aériens et terrestres. Les choix dans le domaine du transport devraient prioritairement prendre en compte les besoins des populations résidentes, mais c’est loin d’être le cas. Comme nous l’avons annoncé depuis des décennies, la déréglementation de ce secteur vital, n’a fait que le jeu des lobbies et donc d’un patronat qui se drape aujourd’hui aux couleurs de la Corse. Manœuvre d’enfumage qui ne résiste cependant pas à l’examen de la réalité.
Les plus-values réalisées sont captées par les actionnaires et la part dévolue aux salariés est minime. On attendra encore pour ce fameux ruissellement tant annoncé par tous les acteurs du néo-libéralisme. Nous renvoyons dos à dos les fractions nationalistes, quelles soient tricolores ou aux couleurs de la corse. Le monde du travail a tout a gagner en s’éloignant des clivages qui ne le concernent en rien, mais il a par contre tout à perdre en liant ses intérêts à ceux du patronat et des actionnaires. Seule une compagnie appartenant structurellement au service public est à même de garantir les intérêts populaires. Autogérée par les salariés, elle serait ainsi préservée des turpitudes de la loi du marché et de tous les prédateurs.
A Manca.