L’apparition le 14 juillet d’un nouveau groupe clandestin se réclamant du FLNC s’inscrit dans une période complexe de l’histoire de notre pays. Alors que les dernières élections municipales se sont traduites par la conservation et le gain de mairies, en parallèle le mécontentement, voire la désorientation de nombre de nationalistes s’expriment de diverses manières.
C’est vraisemblablement le cas des clandestins qui se sont manifestés.
A Manca s’est positionnée sur le sujet de la lutte dite « armée » depuis des décennies. Loin des discours infra politiques uniquement fondés sur la dénonciation de la violence, nous nous sommes prononcés pour la dissolution de tous les groupes armés. Plusieurs arguments fondent cette position. Parmi ceux-ci, la priorité immédiate aux luttes de masses occupe une place centrale. Alors que l’action de terrain du monde nationaliste s’est réduite à des manifestations sporadiques, l’idée de refonder une structure clandestine n’est ni opportune, ni souhaitable. La maîtrise de la lutte et de ses orientations est dépendante du niveau d’auto-organisation des franges politisées et des éventuels projets de société avancés. Force est de constater que ce niveau est au plus bas et que l’actuelle majorité régionale entend cantonner l’activité politique dans le champ des institutions. En cela, elle est encore soutenue par une majorité de nationalistes.
Cependant d’importantes clarifications sont en cours. Elles précisent de plus en plus clairement les projets de société portés par les diverses structures politiques existantes. D’un côté campe un nationalisme d’obédience néo-libérale et de l’autre se positionnent des mouvements pour l’autodétermination du peuple Corse et un changement de société alternatif au système actuel. Des recompositions majeures s’annoncent. Ce sont les questions sociales, environnementales, sociétales et démocratiques qui sont au centre des préoccupations d’une large partie de notre société.
Par ailleurs, le refus obstiné de l’état Français et de l’actuel gouvernement à considérer le peuple Corse en tant qu’acteur majeur et incontournable, génère un mécontentement croissant et une colère légitime. Toujours en quête d’une revanche sur le mouvement national et les partisans du droit à l’autodétermination, les services de l’appareil d’état peuvent se livrer à des manœuvres déstabilisantes et sources de nouvelles tensions. Cette stratégie du chaos a déjà hélas fait ses preuves dans des temps encore récents. Ce piège est tendu et sans douter de la sincérité de ceux qui viennent de se manifester, nous leur demandons de reconsidérer leur positionnement, qui ne peut à leur corps défendant, que rajouter de la confusion à une situation déjà complexe.
Nous invitons fraternellement tous les corses et en particulier le monde du travail à imposer par les luttes publiques leurs légitimes aspirations. C’est la seule voie qui puisse mettre un terme aux violences antisociales et anti-démocratiques perpétrées par cet État, ce gouvernement et toutes les forces économiques et politiques qui soutiennent leurs politiques.
A MANCA