Jean-Marie DOMINICI, conservateur de la Réserve de Scandula, vient de faire l’objet d’attaques sous la forme d’écrits injurieux sur les murs du village de Galeria. Ces écrits, s’ils sont apparemment anonymes, n’en restent pas moins révélateurs d’un climat délétère dont tous les défenseurs de l’environnement ont à pâtir.
Nous assurons Jean Marie Dominici de notre total soutien et nous condamnons avec la plus grande fermeté l’action perpétrée à son encontre.
Comme l’a fait l’association U Levante, il convient de rappeler le contexte dans lequel se situent ces faits. En 2013 un rapport de l’UNESCO sur l’état de conservation du patrimoine mondial notait : « avec préoccupation l’augmentation de la pression touristique sur le bien et son impact possible sur la vue » et demandait également à l’État « d’inclure dans le plan de gestion une stratégie de tourisme durable et un ensemble de mesures pour traiter le problème de la pression touristique ». Cette pression met par exemple en danger la population des balbuzards, les aigles pêcheurs emblématiques de cette côte : trop dérangés pendant la période de nourrissage, très peu de jeunes survivent.
Cette sur-fréquentation des lieux ne doit rien au hasard. Elle s’inscrit dans le cadre d’une industrie du tourisme toujours plus prégnante. En toile de fond, se dessinent des intérêts colossaux qui ne concernent qu’une minorité d’acteurs. Pour ces derniers, notre pays se résume à une zone de profits sans aucune autre considération. Par une propagande de tous les instants, ceux qui tirent bénéfices de cette activité, tentent de masquer leurs seuls intérêts derrière une prétendue promotion de l’intérêt général. Parmi les promoteurs de cette industrie, certains sont prêts à toutes les méthodes, y compris la violence et les intimidations afin d’imposer leurs visées. Nous en voulons pour preuve ce dernier incident qui fait suite à la trop longue liste de méfaits dont les militants en défense de l’environnement ont été les victimes. Bien qu’une écrasante majorité de Corses se soit prononcée pour la préservation de nos espaces naturels, une minorité agissante tente quant à elle de contraindre la population à se plier à ses diktats.
Ces prédateurs sont encouragés dans leurs actions par des politiques dites de développement, imposées par l’Etat français et ses gouvernements, mais aussi promues à l’échelle européenne. Ils sont également confortés par des lobbies qui agissent en concertation avec des forces politiques objectivement complices.
Nous constatons que d’important flux financiers aux origines plus que douteuses sont à la recherche de nouveaux terrains d’investissement. Nous constatons également et ce, a contrario de certains discours mensongers, que l’augmentation de la pression touristique a comme effet une augmentation de la cherté de la vie (loyers, accès à la propriété, denrées alimentaires) et qu’elle ne contribue en rien à la diminution de la pauvreté qui frappe des dizaines de milliers de personnes. Tout au contraire, la Corse devient la terre de prédilection de la précarité à l’échelle de masse (saisonnalité des emplois, multiplications des temps partiels ou des contrats jetables).
La privatisation galopante de notre pays intéresse tous les secteurs jugés lucratifs (transports, agro-alimentaire, grande distribution, immobilier et foncier). Dans ce cadre, nos espaces naturels ne sont considérés qu’en tant que marchandises. Et c’est là le propre du système économique qui ne connaît qu’une loi : celle du profit.
Nous appelons toutes celles et ceux qui se refusent à admettre plus longtemps cette situation à soutenir les associations déjà en action et au-delà, à porter publiquement contestation de cet ordre totalement hostile au bien commun et à sa matérialisation que représentent nos conditions de vie.
A Manca