« La Terre n’appartient pas à l’Homme, c’est l’Homme qui appartient à la Terre ». Sitting Bull.
Petits arrangements au préjudice de nos espaces naturels collectifs
Dans les colonnes de Nice Matin- La Corse en date du 2 avril 2018, c’est à un véritable réquisitoire contre les lois littoral et montagne que se sont livrés quelques élus d’une micro- région fortement touchée par la spéculation immobilière, la Balagne. Au- delà même de ces lois, c’est à toutes les formes de réglementations en matière d’urbanisme qu’un procès en bonne et due forme est intenté.
Cette nouvelle phase de l’offensive contre les textes destinés à protéger nos espaces naturels s’est vue entamée au mois de février dernier par Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l’Intérieur. Dans une déclaration, celle-ci évoque publiquement, la possibilité de « faire évoluer » la loi littoral. Depuis lors, des tractations se déroulent dans les arrières boutiques ministérielles. Les protagonistes connus de ces manœuvres poursuivent plusieurs objectifs :
Pour les représentants de Macron, il s’agit de se gagner les bonnes grâces du président du Sénat en vue de modifications de la Constitution inscrites au calendrier de l’actuel gouvernement. Notons que Jean-Martin Mondoloni, chef de file de la droite en Corse, joue dans ces tractations un rôle très actif.
Radicalement opposé à toute forme d’évolution pouvant déboucher sur l’autonomie, il exerce depuis des mois un lobbying soutenu auprès de la majorité LR au Sénat. Si le président du Sénat, s’accorde un jour à voter en faveur d’une modification de la Constitution, cela ne peut être que le fruit de marchandages politiciens. Parmi ces petits arrangements en coulisse, figurent en bonne place les éléments du programme de la droite insulaire.
Enterrer la loi littoral pour encore plus de libéralisme économique
Rappelons que celle-ci demeure très attachée à la mise en place d’un statut fiscal adapté à la Corse et qu’elle tient à obtenir la modification de la loi littoral. En termes plus clairs, il s’agit de réclamer et d’arracher encore plus de libéralisme en matière économique. Amplement battue dans les urnes, la droite trouve en Macron et son gouvernement de précieux relais idéologiques et pratiques.
Dans la réalité, Jean-Martin Mondoloni, n’est que le commis de réseaux qui s’acharnent à faire main basse sur tous les rouages et secteurs économiques de notre pays. Ce qui sous-tend cette stratégie prédatrice est en priorité une politique du tout-tourisme mais également un accroissement rapide de la population insulaire pour rentabiliser à l’année les méga centres commerciaux.
Remarquons que toute une chaîne économique est d’ores et déjà passée sous leur contrôle : les transports maritimes et routiers, le secteur de la grande distribution agro-alimentaire, l’industrie du bâtiment, le commerce du matériel destiné à la construction et des pans entiers de l’hôtellerie ont été captés par des consortiums en situation de monopoles. La dernière prise de ces derniers s’avère le seul quotidien « régional » de la presse écrite. Pour conditionner l’opinion publique, ces réseaux ont besoin d’un outil de communication, c’est désormais chose faite. La propagande au service des possédants prend ainsi un nouvel essor.
Le respect des droits du peuple corse interdit toute prédation
Toutes aussi inquiétantes sont les prises de positions d’élus locaux plutôt classés comme « nationalistes ». En osmose avec leurs homologues, eux issus de la droite officielle, ils se livrent également à une offensive contre les lois littoral et montagne et justifient leur ligne en se revendiquant des droits du peuple corse.
Ce hold-up idéologique mené aux dépens d’une lutte initialement populaire est le fait d’une classe sociale plus attachée à la promotion de ses intérêts économiques qu’au bien commun. Et comme à l’ordinaire, tout au long de notre histoire, l’Etat français est disposé à répondre favorablement à leurs appétits aiguisés pour peu que cette classe sociale lui garantisse la préservation de ses propres intérêts politiques.
C’est aussi une leçon cruelle, pour ceux qui ne cessent d’en appeler à l’Etat afin qu’il garantisse un développement harmonieux fait de sécurité, de liberté et de justice sociale.
La nécessaire riposte du mouvement national
Toutes les composantes du mouvement national sont directement concernées par cette nouvelle tentative d’agression contre nos espaces naturels collectifs en particulier et contre nos conditions de vie en général. C’est le mouvement national, qui dans sa diversité, focalise une forte proportion des espoirs populaires, c’est donc à lui qu’incombe la responsabilité de la nécessaire riposte.
Les circonstances obligent à des clarifications nettes en termes de projet de société. Les recyclés du clanisme qui s’agglutinent sous le couvert du « corsisme » ne représentent en rien les intérêts populaires. Toujours disposés à monnayer leurs soutiens électoraux, ils détournent les quelques acquis de la lutte de libération nationale pour n’en faire que des alibis au seul service de leurs projets mercantiles. La majorité nationaliste à la CTC doit en tirer toutes les conclusions, d’autant que cette couche parasitaire se tourne vers le plus offrant dès que l’occasion se présente.
L’autodétermination, qui ne peut actuellement se matérialiser par un scrutin, est plus que jamais le socle commun sur lequel il faut impérativement fonder l’alternative. L’Etat français et ses alliés bafouent les résultats des élections de décembre 2017. Les faux « amis » des droits du peuple corse, donc tous les courants corsistes, s’apprêtent à faire main basse sur notre pays.
Il n’y aura aucune démocratie sans le monde du travail.
La démocratie n’est pas un prétexte. Elle doit avoir un contenu qui puisse satisfaire aux intérêts du bien commun. Ce bien commun, c’est la justice sociale, la préservation de nos espaces naturels et un développement économique qui place l’humain au centre des processus. Les droits historiques, sociaux et culturels du peuple corse ne sont pas solubles dans ce libéralisme outrancier, pas plus qu’ils ne peuvent se traduire par la prise de pouvoir d’une classe sociale numériquement minoritaire mais détentrice des richesses de notre pays. Sans les classes populaires, la libération nationale ne saurait être qu’un leurre. En défendant la démocratie, toute la démocratie et rien que la démocratie, le monde du travail occupe la place centrale qui lui revient.
La privatisation de la Corse doit être mise en échec. Il en va de notre survie.
A Manca