PETRANERA : LA GRANDE BRADERIE DE LA CORSE CONTINUE
Au cœur de Petranera demeurait un terrain vierge surplombant une petite plage de galets. Cette « dent creuse » entourée d’habitations en continu est effectivement légalement constructible.
A quel projet au service des intérêts collectifs ont pensé nos génies insulaires du béton ? Un centre aéré ? Une base nautique ? Une crèche ? Un jardin pédagogique ? Un centre éco-culturel ? Non, rien de cela, ce dont il est question, c’est un projet totalement innovant et jamais vu en Corse : une résidence de luxe les pieds dans l’eau proposant à la vente des T4 oscillant de 630 000 euros à 850 000 euros.
Macagna mise-à-part, on se demande dans le contexte actuel comment de telles inepties sont encore possibles. La maire « Andà per Dumane » de la commune de San Martino di Lota assume et se défend. On relève une certaine cohérence idéologique avec son mentor M. Orsucci qui avait proposé de payer les touristes pour qu’ils viennent en Corse. Mme Padovani nous explique que le terrain était trop cher pour préempter (1 million d’euros) et qu’un accès à la mer garanti et une place publique sur le toit de cette résidence c’est mieux que rien. Ben voyons…
A ce rythme là il n’est pas sur que ce soit les indigènes locaux qui puissent profiter bien longtemps de cette place. On aura bien compris que les T4 luxueux ne correspondent pas vraiment aux besoins en logement de la jeunesse corse mais sont plus susceptibles d’attirer les 2,5 millions de retraités du Nord de l’Europe (Hauts de France par exemple), qui rêvent de posséder un logement en Corse. A moins que certains investisseurs y voient une nouvelle opportunité de spéculer quand l’activité touristique sera à nouveau d’actualité.
Finalement le terrain a été vendu 550 000 euros au promoteur, il n’y a donc pas eu de réelle volonté politique de réfléchir au financement d’un projet alternatif au service de tou.te.s. C’est une logique de court terme qui a prévalu. Quant-à la montée inéluctable du niveau de la mer en Méditerranée qui destine cette résidence à être balayée par une forte tempête avant 50 ans, les promoteurs n’en n’ont que faire. On est encore et toujours dans une logique spéculative à court terme : « Prends l’argent et tire toi ».
A plus long terme, se vendre au plus offrant ne constituera jamais un projet d’avenir pour le Peuple Corse mais la garantie certaine de sa disparition. Celles et Ceux qui bradent notre terre sans se soucier des conséquences participent activement à notre ethnocide lent sur l’autel du marché. Il est encore temps pour les plus éclairés d’entre nous de construire une alternative au Capitalisme marchand en Corse.
A Manca