OUI A L’AUTONOMIE !
A Manca a toujours considéré que le Droit à l’Autodétermination ne correspondait pas à une posture institutionnelle figée, mais devait s’inscrire dans un processus démocratique par étapes décidé collectivement.
Tout ce qui peut accorder un degré de liberté supplémentaire au peuple corse est aussi nécessaire que bienvenu. Seules les forces les plus archaïques de la société corse pourraient s’opposer à une avancée démocratique institutionnelle dans notre pays.
Les sciences historiques nous enseignent que l’idée n’est pas neuve en Corse et trouve déjà une légitimité dans la pensée de Paoli. En homme d’État avisé et conscient des rapports de force internationaux, comme du changement de mentalité de ses compatriotes, Paoli a cru que la Révolution française allait apporter la liberté au peuple corse. En tant que président du Directoire et Commandant en chef de la Garde Nationale, il était confiant dans le degré de gouvernement laissé aux élus insulaires et dans l’importance des aides accordées. Ce sont les appétits et les manœuvres d’une néo-bourgeoisie locale arriviste, combiné aux errements de la Terreur qui ont provoqué une rupture politique avec le pouvoir central.
L’expérience constitutionnelle éphémère du Royaume anglo-corse était un projet d’autonomie interne à la Couronne britannique beaucoup plus aboutie. Mais là encore, les circonstances historiques furent défavorables. Le roitelet Elliot est le principal artisan de cet échec du fait de son opposition farouche à Paoli et aux officiers britanniques pro-paolistes.
Faire d’une idée ancienne une démarche moderne
Il paraît évident que dans le cadre d’une démocratie « réelle », on ne puisse aborder la question d’une autonomie de plein exercice au XXIe siècle comme au XVIIIème. Se posent aujourd’hui des questions d’ordre technique, celles du rapport de force politique et surtout du projet de société qu’induirait cette évolution institutionnelle. Sur les premiers aspects, et pas des moindres, d’une bonne anticipation des questions d’ordre technique et juridique, la mission confiée par l’Exécutif territorial à la constitutionnaliste Wanda Mastor s’avère une bonne chose. Toutes les personnes sérieuses dans le domaine et honnêtes intellectuellement connaissent l’expertise, les convictions et les qualités de cette grande spécialiste du droit constitutionnel. Les écueils à éviter se situent plutôt au niveau des choix tactiques et stratégiques. Une réforme démocratique des institutions en Corse serait d’autant plus pertinente qu’elle replacerait les forces vives de l’île au centre du Jeu politique, en mettant en place les outils modernes de la souveraineté populaire.
Ainsi, le salariat représente la première force sociale de la Corse, mais les ‘socioprofessionnels’ (comprenez le patronat) ont en proportion un poids politique démesuré dans les débats et décisions en matière de politiques publiques. Le monde du travail qui construit ce pays au quotidien est lui aussi composé de ‘Professionnels de la Société’. Sortons de la démagogie langagière et redonnons aux salarié.es un véritable pouvoir dans la co-construction des politiques publiques.
Au niveau d’une représentation populaire des territoires, du rôle légitime de représentation des EPCI, doivent également être mises en place des ‘Cunsulte di i Rughjoni’, où là aussi les outils de pédagogie collaborative doivent permettre d’associer les premiers intéressés, les citoyens qui font ces territoires, aux orientations politiques locales. Une modernisation démocratique est donc possible en Corse.
Lobbying institutionnel : Attention à la poudre de Perlimpinpin !
Nos élus les plus éclairés ont une très grande foi dans la construction d’un rapport de force politique lent et feutré. L’idée d’une autonomie pour la Corse serait de plus en plus partagée par des élus français sur la base d’un travail de lobbying à travers de multiples réseaux. Nous ne disons pas que ce travail est inutile, mais nous mettons en garde contre le prisme particulier de cette période préélectorale française si spécifique. Tout le monde garde en mémoire les déclarations de Manuel Valls en Septembre 2011 qui se disait « favorable à l’autonomie de la Corse » alors qu’il était en campagne pour François Hollande. Mais on se souvient également de son intervention sur TF1 en décembre 2015 dans laquelle il affirmait cette fois « Qu’il était contre toutes formes d’autonomie et qu’il y avait des lignes rouges qui ne pouvaient pas être discutées ». Attention donc, à ne pas être une fois de plus dupes d’interlocuteurs peu fiables.
Et cela d’autant plus que le contexte est plus défavorable ; Macron, le disciple de Chevènement sur le dossier corse, est l’homme d’État français le plus hostile au peuple corse depuis Louis XV. Perdre de vue cette donnée constituerait une erreur d’appréciation majeure. Le rapport de force à construire en direction de l’appareil d’État et de la classe politique française doit s’appuyer sur deux autres axes importants ; L’internationalisation de la question corse d’une part et la remobilisation populaire d’autre part. De son vivant, Edmond Simeoni évoquait sur son blog de vastes campagnes de désobéissances civiles. Pour notre part, nous ne pouvons que souscrire à cette idée de l’expression d’une radicalité démocratique, publique et populaire en vue d’une autonomie qui permette à chacun de s’émanciper
Plus de droits oui ! Mais plus de droits pour tous !
Nous ne voulons pas d’une Corse qui ressemblerait au Cuba des années 60 ou au Monaco du XIXe siècle. Nous voulons que l’obtention de droits supplémentaires, de pouvoirs de réglementer et de légiférer, nous permette de construire une Corse plus juste dans laquelle les richesses seraient mieux partagées.
Pour a Manca cela passe par une fiscalité adaptée et un droit du travail amélioré. La TVA est l’impôt le plus injuste qui existe. Nous militons pour une TVA 0% en Corse. Toutes les classes sociales seraient bénéficiaires de cette mesure, mais c’est surtout le monde du travail et le panier des ménages qui en retirerait un bénéfice immédiat. La revalorisation du pouvoir d’achat passe également par une vaste conférence sociale devant aboutir à la réintroduction de l’échelle mobile des salaires en Corse, indexée sur le coût de la vie.
Pour mener à bien ses politiques dans les domaines sociaux, des services publics, de la Culture et de l’environnement, un pouvoir territorial autonome a impérativement besoin de ressources financières propres. Nous pensons que cela passe par la maitrise d’une fiscalité qui taxerait certaines activités liées à l’économie résidentielle, au tourisme de masse et aux opérations spéculatives. Cela passe également par la définition d’un code des investissements en Corse et d’une fiscalité liée.
Pour a Manca, il demeure indispensable de lier tout projet d’avancée institutionnelle au projet et aux choix de société qui en découlent.
Oui à l’autonomie donc, oui à plus de liberté, mais une liberté partagée par le plus grand nombre.
A Manca