OU EST PASSE LE PEUPLE CORSE ?
L’Histoire est écrite en ce moment même par les hommes et les femmes qui font ce pays. Encore faudrait-il que les dynamiques soient au rendez-vous. Or, force est de constater que sur le terrain, on assiste à un phénomène de démobilisation de masse, ce qui n’enlève aucune légitimité aux mobilisations justes qui émergent de façon parcellaire et sectorielle.
Quid du Mouvement National ?
La dernière manifestation de masse significative organisée par les forces patriotiques date du 13 avril 2019, sur la question spécifique de la défense des prisonniers et recherchés politiques. En dehors de rassemblements ponctuels sur cette même thématique ou de mobilisations visant à dénoncer des opérations de spéculation immobilière, le peuple semble être aux adonnés absents. Il n’y a donc pas de corrélation mécanique entre le poids du vote nationaliste aux dernières élections territoriales et la construction d’un rapport de force populaire sur les revendications démocratiques.
Dans leurs diversité, les directions se réclamant d’une lutte pour les droits politiques du peuple corse optent soit pour le rapport de force interne aux institutions de la République Française, soit pour l’émergence d’une nouvelle propagande armée et radicale adressée à la tutelle impérialiste.
Dans les deux cas, malgré les divergences apparentes, les directions actuelles du Mouvement National s’enferment dans un tête à tête mortifère avec l’appareil d’État qui n’offre aucune garantie de résultat, ni perspectives concrètes.
Quid du Mouvement Social ?
En dehors des mobilisations salutaires des femmes, des LGBTI et de la jeunesse sur des questions sociétales importantes, on ne relève que quelques conflits sociaux isolés.
Le premier lieu d’organisation du monde du travail est censé être le champ syndical, mais ce dernier, toutes directions confondues, n’est plus à l’offensive. A une défense des acquis sociaux en ordre dispersé se superpose une atonie structurelle, une incapacité flagrante à s’opposer aux méfaits du capitalisme en Corse.
Les centrales syndicales paient le prix des défaites accumulées face à toutes les lois de régression sociale imposées durant la dernière décennie. Elles ont fait la démonstration de leur inefficacité chronique face à la violence de classe d’un capitalisme de plus en plus autoritaire.
De facto, le syndicalisme se trouve aujourd’hui dans une logique d’accompagnement des réformes néo-libérales et de défenses d’intérêts corporatistes, voire parfois bureaucratiques ou clientélistes.
Les mobilisations connaissent un net recul, en Corse plus qu’ailleurs.
Pour la réactivation de la lutte de masse.
Le peuple corse, -et sa composante majoritaire, le monde du travail-, ne peuvent rester spectateurs de leur propre devenir. Le temps d’un vote ne suffit pas. C’est bien sur le terrain que les hommes et les femmes de ce pays doivent se réapproprier leur histoire et en redevenir les protagonistes.
Le chemin des luttes ne peut trouver un écho populaire que dans la mise en œuvre de mots d’ordre clairs au travers desquels les droits démocratiques et les droits sociaux s’avèrent indissociables. Un discours audible, des choix de société tranchés et une invitation au combat, voilà la prochaine échéance sur laquelle A Manca compte s’exprimer prochainement.
A Manca