Le rapport rédigé par l’Inspection générale des Finances, intitulé « Pour une économie corse du XXIème siècle », est clairement annonciateur d’une cure de néo-libéralisme principalement axée sur le développement du tourisme.
Une fois décrypté le langage technique de ce document, apparaît nettement la ligne politique déjà exposée par Macron lors de sa dernière visite en Corse. Selon ce projet, l’économie de notre pays doit être plus compétitive, traduction : la vocation première de la Corse est de s’inscrire pleinement et uniquement dans le champ du néo-libéralisme.
En filigrane, apparaît la fumeuse théorie du ruissellement, laquelle tente de faire croire que mécaniquement, la création de richesses profite à toute la société. Cette propagande ne résiste pas à la réalité qui voit les écarts entre les plus hauts et les plus bas revenus se creuser et la précarité se développer de façon exponentielle.
Ce rapport n’évoque pas directement l’amorce d’une autonomie fiscale, mais il se rapproche des revendications des entrepreneurs, du patronat local et de tous leurs soutiens politiques.
Nous avons interpellé à maintes reprises l’actuelle majorité régionale sur le contenu du statut fiscal dont elle réclame l’instauration. Les courants néo-libéraux qui s’agitent en son sein devraient trouver satisfaction dans les annonces que ne manquera pas de faire le ministre français de l’économie lors de sa prochaine venue en Corse. Pour preuve, la déclaration du président de l’assemblée qui affirme être présent lors des réunions avec Bruno Lemaire, estimant pour cela que celui-ci prend en compte des points défendus par la majorité régionale.
L’industrie du tourisme qui produit déjà ses effets dévastateurs (marchandisation des espaces littoraux et montagne, spéculation immobilière, cherté du marché locatif, collectivisation des charges et des coûts, privatisation des profits, pollutions aériennes, maritimes et terrestres) est encouragée dans sa logique prédatrice. Alors qu’un véritable racket est perpétré dans le domaine de la distribution des carburants par les propriétaires et exploitants de ce secteur, les rédacteurs s’interrogent sur les mécanismes et prônent l’organisation de la concurrence via l’action des grandes surfaces… Autrement dit, les services de la répression des fraudes et les lois sur les monopoles n’ont aucune utilité et validité et il est conféré aux trusts du secteur agroalimentaire un rôle régulateur !
Les mots ont un sens. La thématique du « développement » ne part pas de la satisfaction des besoins essentiels mais de la recherche de profits portée à un maximum dans le cadre d’une économie de marché néo-libérale, c’est-à-dire totalement attentatoire au bien commun.
La droite LR et la droite macroniste, ainsi que les franges néo-libérales du nationalisme peuvent exulter, car l’économie corse du XXIe siècle telle que présentée dans le rapport de l’inspection Générale des Finances est un costume sur mesure à leur unique destination.
Les salariés, chômeurs, retraités ainsi que l’ensemble de la jeunesse s’avèrent totalement absents de ce rapport qui ignore délibérément tout des questions sociales.
Seul un rapport de force conséquent peut mettre un terme à la privatisation de nos lieux de vie et à la précarité grandissante.
Il nous appartient de participer activement à sa création car nos vies et notre pays valent mieux que leurs profits.
A MANCA