Ce dimanche 16 juillet 2017 était consacré au soixante quinzième anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv. Lors de cette commémoration, Francis Kalifat, président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) a prononcé un discours dans lequel sont fustigés au même titre et au même rang l’extrême droite et ce qu’il désigne comme étant l’extrême gauche.
Ainsi, selon Mr Kalifat, le fait de s’opposer au sionisme conduit mécaniquement à l’antisémitisme. Dans son discours, sont donc qualifiés de la même manière, l’extrême droite, les courants de l’intégrisme musulman et la gauche de la gauche.Nous ne pouvons accepter cet amalgame, car il cumule mensonges et infamie.
L’histoire du mouvement sioniste, comme toutes les trajectoires des mouvements politiques, n’est pas linéaire. Nous ne confondons donc pas les pionniers du sionisme et ceux qui, en se revendiquant de ce courant, exercent aujourd’hui une terrible domination sur le peuple palestinien.
Nous ne pouvons nous taire devant les exactions et les propos racistes de l’extrême droite israélienne. Nous n’aurons de cesse que de dénoncer les spoliations dont sont victimes les Palestiniens, comme c’est par exemple le cas avec la multiplication des colonies de peuplement.
Est-il besoin de rappeler que certaines organisations religieuses israéliennes ne sont pas en reste en matière de xénophobie et de racisme à l’encontre des populations arabes ?
Tout cet agrégat politico-religieux s’abrite directement ou dans les faits sous le couvert d’un sionisme qui se veut des origines. Cette confiscation de la mémoire est aussi une tentative de prise en otage d’une histoire ; il s’agit en effet d’éliminer, à des fins politiques, les traces des courants socialistes juifs (au sens large du terme) qui contribuèrent fondamentalement aux prémices du sionisme.
Cette pression idéologique qu’exerce aujourd’hui le président du CRIF pèse depuis longtemps déjà sur toute la gauche israélienne et en particulier, sur le Mouvement de la Paix.
Ainsi, l’appareil d’État israélien, la droite, l’extrême droite et certains courants fondamentalistes juifs tentent-ils de culpabiliser toute opposition en lui accolant l’étiquette antisémite. C’est un ignoble procédé qui n’obtient pas nécessairement le résultat voulu en Israël.
Cette manœuvre de basse politique n’a pas empêché, il y a peu encore, des dizaines de milliers de citoyens israéliens de manifester en revendiquant un Etat pour le peuple palestinien.
Les alliances entre des gauches juives et palestiniennes sont une réalité en Israël (http://www.lapaixmaintenant.org/liens/)
Il y a quelques annnées A Manca recevait sur Aiacciu un leader israélien du camp de la Paix. Michel Warschawski milite depuis de longues années en Israël, entrant en 1968 au sein de l’Organisation socialiste israélienne (Matzpen, la « boussole »), révolutionnaire et antisioniste, et fondant en 1984, avec des militants de gauche palestiniens, le Centre d’information collective.
Le bilan du sionisme a fait et fait encore l’objet de débats au sein de la gauche israélienne. Dans les rangs de celle-ci demeure l’idée que le sionisme du XXIème siècle a muté en une forme de nationalisme impérialiste.
Nous sommes également très critiques vis à vis du sionisme contemporain et nous le faisons d’autant plus que notre engagement radical contre l’extrême droite européenne et internationale ne souffre d’aucune ambiguïté. Nous exprimons de même notre totale opposition aux bandes de l’islamisme radical, que nous qualifions d’islamo-fascistes, tant leurs actions et leurs propos les rapprochent de l’extrême droite.
Nous ne passons pas sous silence le racisme anti-juif dont se sont rendus et se rendent encore coupables des mouvements politiques issus du monde arabe comme c’est par exemple le cas de certaines organisations baasistes et palestiniennes.
Nous avons donc l’esprit serein lorsque nous repérons au cœur du discours sioniste des éléments de discours et de pensée qui peuvent ouvrir la voie à un nationalisme pan-israélien aux accents impérialistes et populistes.
Alors si aujourd’hui, nous récusons les prétendus messages de résistance du sionisme contemporain, c’est que la profonde mutation idéologique qui a animé ce courant le conduit désormais à engendrer des politiques prédatrices, dont le peuple palestinien subit les dramatiques effets.
Nous contestons avec une identique détermination le droit d’ingérence dans les affaires politiques de tous les courants religieux, car ils portent également une lourde responsabilité dans les clivages qui voudraient opposer les peuples israéliens et palestiniens.
Enfin, pour ce qui est encore des violences inacceptables dont se rendent coupables les bandes islamo-fascistes, nous disons qu’elles n’ont rien à envier aux meurtriers attentats de l’Irgoun qui ont aveuglément visé en leur temps les populations arabes et des opposants politiques.
Pour notre part, en tant qu’internationalistes, nous adhérons à l’idée de deux nations, palestiniennes et juives, qui collaborent à l’édification d’une société respectueuse des cultures et des langues, égalitaire car n’exerçant aucune discrimination en matière de droits politiques et sociaux, porteuse de paix car tenant les impérialismes à distance. Cette idée demeure la seule viable et la seule qui soit source de règlement de ce conflit qui ne peut en aucun cas se solder par la disparition d’un peuple, qu’il soit juif ou palestinien.
A Manca