S’il y a bien une chose à laquelle les divers candidats restent fidèles, c’est le maintien d’un statu quo qui consacre la cité comme un haut lieu du consumérisme tout-touristique.
Comme ailleurs en Corse, la majorité territoriale est éclatée sur un terrain où le culte de la personnalité tient lieu de programme.
Au-delà des discours sans cohérence, se revendiquant d’un apolitisme mortifère qui brouille dangereusement les lignes et contribue à l’infantilisation comme à la dépolitisation des Corses, les réalités sociales et environnementales plombent le niveau comme la qualité de vie du monde du travail.
Dans le décor calvais, où le taux chômage qui relève du sinistre économique, est identique à celui des territoires les plus fragilisés de Corse, c’est l’industrie touristique qui domine. Cette prépondérance a pour corollaire des écarts de revenus extrêmement importants entre les catégories sociales. Le monde du travail comme souvent, joue bien malgré lui les dindons de la farce. Les intérêts du monde du travail sont aux oubliettes.
Pour un travailleur, se loger à Calvi, signifie cherté exorbitante des loyers et très mauvaise qualité du peu d’appartements qui échappent au marché des locations estivales. Le respect des conventions collectives du secteur de l’hôtellerie et des métiers de bouche s’avère quasi inexistant. Le patronat dans son ensemble considère notamment les saisonniers, comme une main d’œuvre exploitable et corvéable à merci.
La prédation sur les espaces naturels par les tenants de la spéculation immobilière se poursuit et se banalise. Ce ne sont d’ailleurs pas quelques trop rares décisions de justice qui peuvent rassurer les associations de défense de la loi Littoral et de l’environnement. La ville n’est rien moins qu’un condensé de pratiques néo libérales et de clanisme séculaire associés, auxquels s’ajoute la présence parasite et mortifère du banditisme.
À ce triste tableau d’une ville asphyxiée, on doit ajouter le poids néfaste que représente la présence d’un corps d’armée d’occupation, la Légion étrangère.
N’oublions pas que par les missions qui font sa spécificité, La Légion demeure le bras armé des politiques néocoloniales de l’Etat français, surtout en Afrique et au Proche-Orient. Ce corps d’intervention a toujours servi les intérêts de la vieille puissance coloniale et sa présence sur notre sol est à ce titre même, totalement inacceptable.
Ce corps expéditionnaire possède un poids économique pour une poignée de prestataires et un poids politique par son influence électorale. Cette importante réserve de voix, particulièrement convoitée, fait les choux gras de la droite locale et de l’extrême-droite comme ce fut le cas aux dernières présidentielles.
Aucun des sujets centraux évoqués ici ne constitue un axe central de campagne pour les listes en présence. Au mieux, on se contente d’un saupoudrage qui prétend faire illusion.
En conséquence, A Manca appelle au boycott de ce scrutin en souhaitant que les mobilisations à venir permettent la repolitisation citoyenne et par là même, la pratique d’une authentique démocratie.
A Manca