La décision du Conseil Constitutionnel de mettre fin de façon aussi brutale aux arrêtés Miot n’est pas acceptable et témoigne du mépris de cette institution pour notre pays.
Ce dispositif n’était pas un avantage, mais une mesure de compensation (insularité) et de réparation eu égard à l’importance des terres communes (forêt en particulier) qui avaient pâti de la spoliation opérée par l’État Français après l’inventaire arbitraire effectué par les géomètres royaux du plan Terrier au début de la colonisation.
Ce qui pose un problème de fond, c’est la rapidité et le contexte dans lequel on remet en cause cet acquis. Dans la période actuelle que connaît la Corse, soumise à une mise en coupe réglée de la part de la mafia et des groupes capitalistes, la pression foncière liée à la spéculation immobilière et au blanchiment d’argent sale créé des niveaux de prix et des indices de référence hors normes dans l’immobilier. A cela se surajoute un niveau de revenu et de pouvoir d’achat beaucoup plus bas qu’ailleurs.
Dès lors, les Corses, surtout les plus modestes, soumis au droit commun français, sont désavantagés devant l’accès à la propriété. Une période de transition et de maintien des arrêtés Miot jusqu’en 2017 aurait permis au peuple corse de se doter d’outils institutionnels capables de préserver un droit à hériter du fruit du labeur des générations précédentes, sans être exposé au risque de spoliation lié à une spéculation immobilière hors normes et à l’appauvrissement de masse.
La situation arbitraire de l’heure résulte avant tout de l’action idéologique d’élus de droite, qui, en saisissant des sages de droite, ont voulu principalement remettre en cause la taxation des plus riches revenus, quelques soient les conséquences pour les arrêtés Miot. Il est absolument impossible que les trois élus de droite insulaires n’aient pas pu anticiper les effets collatéraux en Corse de leur posture idéologique en France. Ils ne pouvaient ignorer qu’une remise en cause du droit à la jouissance des biens communs ancestraux constitue une agression violente contre un pan entier de notre socle culturel commun.
Pour autant, cette actualité ne nous fait pas oublier que dans la Corse que nous souhaitons, il ne saurait y avoir de justice sociale sans justice fiscale, et ce d’autant plus si on laisse le soin à des libéraux autonomistes de définir cette fiscalité.
Ceux qui s’imaginent défendre leurs intérêts de riches possédants en tentant d’instrumentaliser une mobilisation populaire doivent être mis en échec par le monde du travail, en Corse plus qu’ailleurs.