C’est un curieux paroissien qui dirige l’église de Corse. Lors du synode ordinaire sur la Famille qui s’est déroulé du 4 au 25 octobre 2015, il était membre du Groupe de travail « Avortement et éducation des jeunes ». Nataliste convaincu, il est classé par diverses tendances catholiques comme un conservateur bon teint. Ainsi peut-on lire sur le site de Golias News.fr a proposé de la désignation des délégués : « S’agissant des suppléants, les évêques de France ont décidé d’envoyer – si les titulaires ne pouvaient finalement pas s’y présenter – deux évêques conservateurs : Mgr de Germay et Mgr Feillet.
Le premier est connu pour son conservatisme intrinsèque, son autoritarisme, sa proximité avec la frange la plus à droite de l’épiscopat français. Un Ottaviani 1des temps modernes qui doit sa carrière à l’Opus Dei ».
A l’opposé des animateurs de Golias, Guillaume Jourdain de Thieulloy, directeur de l’observatoire de la christianophobie et également directeur de Riposte Catholique (portail se voulant d’information), déclare : « Sa formation du commandement sera sans doute bienvenue pour gouverner l’Église en Corse. S’il fallait classer Mgr Olivier de Germay, je dirais qu’il se situe plutôt dans la branche conservatrice. Ouvert aux nouvelles réalités de l’Église, il n’a pas eu peur de prendre la défense de l’Opus Dei2 dans les médias. » Venant de la part de ce néo-fasciste qui déclarait en 2010 : « je suis opposé à l’immigration en France si celle-ci ne s’accompagne pas d’une assimilation à la culture française, et souhaite « imposer les coutumes françaises aux immigrants» cela sonne comme un très fraternel compliment.
Officier parachutiste en 1983, cet évêque de choc a servi dans les forces françaises à partir de 1986. C’est à ce titre qu’il participe à des campagnes militaires au Tchad, en Centre Afrique et en Irak.
Autre front pour cet évêque qui ne fait pas dans la nuance, il déclare ainsi en vue de la manifestation du 13 janvier 2013 (manif pour tous…) : « Avec et pour les Corses, j’ai manifesté à Paris » Et de rajouter : « Dès que j’ai appris l’existence de cette manifestation, j’ai décidé d’y aller, non pas comme organisateur car c’est un événement aconfessionnel, mais comme citoyen. Ceci dit, je considère que c’est le rôle des évêques de soutenir les initiatives prises par leurs fidèles dans les débats de société. Ce soutien passe par cette manifestation, des prières, des jeûnes ».
On comprend beaucoup mieux pourquoi les néo-fascistes qui se drapent en Corse sous les couleurs de la défense du christianisme n’ont jamais été inquiétés par les déclarations de ce prélat. Cet homme est très politique. En apparence, la façade est lisse. Mais il distille ses véritables conceptions, très voisines des milieux intégristes complaisamment réintégrés au sein de l’Eglise par le pape Ratzinger. Sa stratégie n’est pas sans rappeler celle actuellement adoptée par le FN. Il s’agit « d’institutionnaliser » un discours pour lui conférer une « normalité » susceptible de familiariser l’opinion publique à des thèmes dont l’origine idéologique reste celle propre à tous les réactionnaires. Lorsqu’il déclare : « Avec et pour les Corses, j’ai manifesté à Paris » , il s’affirme à la fois comme le porte-parole et l’allié de tous les Corses, laissant ainsi à croire que nous serions collectivement opposés au mariage pour tous, croyants et non croyants à cette occasion, tous confondus.
Nous savons par l’histoire, que le sabre et le goupillon font bon ménage. L’évêque de Corse est résolument un croisé qui cache encore un peu ses oriflammes. Il peut compter sur l’ensemble des ennemis de la Réaction qu’il incarne clairement pour décontaminer la sphère publique. On ne fait pas rôtir le bœuf sans qu’il ne s’en aperçoive… !
Vandepoorte Serge. Militant de la Manca, athé, marxiste, partisan du droit à l’autodétermination.
1Le 11 octobre 1961, à Madrid, c’est lui qui faisait applaudir « la sagesse et le courage du Chef de l’État espagnol et de ses collaborateurs directs » (donc le général Franco) et célébrer « le 25ème anniversaire de la Croisade », c’est-à-dire le soulèvement en Espagne contre la République.
2Fondée le 2 octobre 1928, par José Maria Escriva de Blaguer. Son idéologie est sans ambiguïté : « Le christianisme a été sauvé du communisme par la prise de pouvoir du général Franco avec l’appui du chancelier Hitler, ce dernier, étant contre les slaves, était contre le communisme ».