Alors que de graves incertitudes pèsent sur les résultats des élections présidentielles en France, des professionnels de la politique anticipent déjà sur les législatives qui suivront. Ces manœuvres habituelles chez les clanistes ne surprennent personne. En effet, qui pourrait s’étonner que Camille de Rocca Serra, un des champions de la frénésie immobilière, puisse loucher sur un nouveau strapontin ? Fidèle à une tradition familiale, il considère la fonction élective comme un privilège de caste et le siège de député, quasiment comme un attribut de droit « divin ». Cet héritier se sent d’autant plus pousser des ailes, car il a fait le choix de F. Fillon, le caudillo d’une droite férocement anti-sociale et radicalement hostile à toute évolution en Corse. Il n’y a donc rien de novateur du côté des pithécanthropes de la pulitichella.
Dans le même temps, d’autres opportunistes, font le pari du succès de l’ex banquier du groupe Rothschild en se ruant dans son sillon. En peu de temps Macron est devenu le chantre du « ni-ni ».
Positionnement qu’il partage au niveau français avec Lepen et au plan corse avec quelques tenants du nationalisme. Immanquablement, ce ni gauche/ni droite, a comme fonction de ratisser large. Dans les véritables desseins de ces falsificateurs de sens, il ne s’agit dans les faits que de promouvoir un néo-libéralisme, tout aussi destructeur que le capitalisme à papa.
Face à une situation politique, lourdes de menaces sur l’avenir de la Corse, de nos conditions de vie, de nos espaces naturels, de nos libertés et de nos droits, on peut légitimement espérer que le mouvement nationaliste dans toute sa diversité, opte sur le fond comme sur la forme (indissociables) pour une dynamique éloignée de toutes ces lamentables manœuvres de basse politique. Qu’en est-il vraiment ?
Deux candidats se sont d’ors et déjà lancés dans la course aux fauteuils. A grand renfort de communication-marketing, Léo Battesti s’évertue à construire une image qui se veut très moderne, puisque selon lui, l’heure du post-nationalisme sonne au carillon de l’histoire.
François Alfonsi, un des fondateurs du PNC, fait lui valoir son « expertise » en matière de politique parlementaire et brigue avec cet argument, une investiture que lui conféreraient les structures du nationalisme dit « modéré ». Dans les deux cas, le premier très caricatural, on est loin, très loin, d’un effort de rassemblement des forces du mouvement national. Ce sont des positions, qui au delà de leurs façades sont clivantes et irresponsables au regard des enjeux.
Dans les deux cas, aucun effort n’est fait pour jeter les bases d’un programme politique. Programme qui, tenant compte des réalités économiques, culturelles et sociales, serait l’émanation d’une large concertation donnant la parole à toutes et à tous. En surfant sur le succès électoral de décembre 2015, les deux candidats auto-proclamés spéculent sur une reproduction mécanique des scores et donc sur leurs chances de succès. En acceptant cet oukase, cette forme de chantage, l’électorat nationaliste est mis dans l’obligation de signer un chèque en blanc. Ces tentatives de hold-up sur le minimum démocratique sont fondées également sur des réseaux, lesquels entendent substituer à la parole publique et aux engagements militants, le diktat népotique d’une poignée de « décideurs » plus ou moins éclairés.
La sur-médiatisation du candidat Léo Battesti est de ce point de vue, l’exemple le plus parlant, quitte à sombrer dans une ridicule pantomime.
« De la direction du FLNC aux développements des échecs, un parcours hors du commun », voilà en substance la thématique forte du livre de L. Battesti : « La vie par dessus tout ». Nul ne peut contester le droit de tout un chacun à briguer un mandat, la question n’est donc pas là. Ce dont il s’agit tient à ce culte de la personnalité qui ne trouve son aboutissement qu’à la condition d’une délégation de pouvoir sans contrôle réellement démocratique. Et en la matière, sans crainte du ridicule et avec l’appui très opportun des médias, tout est limpide. L’affirmation péremptoire d’un prétendu « post nationalisme » va bien au delà de tout ce qu’on pu dire jusqu’à présent les plus « modérés » des « modérés ».
Ce n’est pas un adieu aux principes du droit à l’autodétermination, c’est l’aveu public d’une ligne bien ancienne, laquelle n’a jamais été fondée sur cette exigence démocratique, y compris lors d’une prétendue fonction de direction au sein du FLNC. Et l’on voit donc, se faisant, que le fond et la forme se rejoignent très concrètement. Un problème majeur se pose dans le même temps, car cette stratégie est validée par G. Simeoni au nom de Femu a Corsica.
Dans l’état actuel des choses, tout est donc fait, pour que l’ensemble des nationalistes, électeurs et militants, soient mis dans l’obligation de valider ces options et le tout au nom d’une démarche se voulant responsable. Le risque est ainsi pris de nous atteler collectivement à un équipage, lui même très dépendant des seules volontés de l’État Français et de l’idéologie qui l’anime.
La Corse de 2017, c’est tout d’abord un bilan terrible, pour ceux qui le subissent et ceux qui ne tarderont pas, si rien ne s’y oppose, à sombrer à leurs tours.
50 000 personnes en deçà du seuil de pauvreté. Plus de 23000 chômeurs. La montée exponentielle des travailleurs pauvres. Un déficit majeur en termes de logements sociaux et un coût de la vie exorbitant. C’est aussi une criminelle spéculation immobilière. Le tout, sans exclusive d’autres maux, sur fond de négation des droits d’un peuple.
Face à cela, un véritable sens des responsabilités, doit se matérialiser par une double volonté.
Il consiste à réunir, toutes les forces militantes et sympathisantes nationalistes, autour d’une plate forme commune, afin d’édifier un programme volontariste et susceptible de répondre aux besoins et souhaits de celles et ceux qui subissent le mal de vivre. Ce programme d’urgence culturel, économique et social, doit être promu et porté, certes par nos réflexions, mais tout aussi également par nos mobilisations, que ce soit, avant, pendant et après les diverses consultations électorales. Il y a d’immenses ressources humaines qui peuvent être mobilisées. Cela pré-suppose de favoriser la place de la jeunesse, des femmes et plus généralement du monde du travail dans ce processus, y compris lors de la désignation d’éventuelles candidates et candidats à des mandats électoraux.
Aux moments où, un système économique démentiel menace nos existences mêmes. A l’heure où des forces brunes se proposent de faire de la Corse la réplique de l’Amérique de Trump ou de la Russie de Poutine. A l’instant où les plus minimes des évolutions sont refusées par la puissance coloniale. Pour toutes ces dramatiques raisons, le sens des responsabilités et du bien commun doivent l’emporter sur les pulsions égotiques et anti-démocratiques, d’une poignée de politiciens, fussent-elles dissimulées sous les couleurs de la Corse.
A MANCA