L’ORIGINE DU MAL
Il importe peu de trancher les polémiques d’historiens sur l’origine du capitalisme. Fernand Braudel situe son apparition au XVIIe siècle avec l’avènement des Etats marchands et de « l’économie-monde ». Max Weber associe la diffusion de la Réforme protestante à l’émergence du capitalisme, Réforme véhiculant des principes éthiques très éloignés de la prière : « Le temps est précieux, infiniment car chaque heure perdue est soustraite au travail qui concourt à la gloire de Dieu. ». Le devoir du croyant de réaliser l’œuvre d’un Dieu sur Terre, ou la nature sacrée de l’entreprenariat.
Sur le plan des sciences économiques c’est le célèbre précepte d’Adam Smith, « Laisser faire, laisser passer », qui demeure le fondement philosophique du néo-libéralisme le plus débridé. Cette idée demeure que l’économie s’autorégulerait par la libre concurrence et la bonne santé des marchés. Ce dogme idéologique est inscrit depuis 2005 dans la constitution européenne qui prône la concurrence libre et non faussée, reléguant l’action publique des peuples à l’impuissance économique. L’ordre du Capital règne.
C’est donc le droit d’entreprendre et d’exploiter les ressources sans limites qui prédomine, le fondement même des économies basées sur le dogme de la sacro- sainte croissance. En d’autre termes, la seule façon qu’aurait l’Humanité de survivre serait de créer toujours plus de richesses. Richesses qui ne profitent en définitive qu’à une minorité :
– Les richesses des 1 % les plus riches de la planète correspondent à plus de deux fois la richesse de 90 % de la population (6,9 milliards de personnes).
– Les milliardaires du monde entier, c’est-à-dire seulement 2 153 personnes, possèdent plus de richesses que 4,6 milliards de personnes, soit 60 % de la population mondiale.
– En France, 7 milliardaires possèdent plus que les 30 % les plus pauvres et les 10% les plus riches possèdent 50 % des richesses.
Mais indépendamment de ce hold-up permanent sur les richesses produites par notre force de travail, se pose aussi la question de la pertinence de cette vision économique : exploiter indéfiniment les ressources dans un monde qui lui est fini. On pourrait être tentés de penser que les capitalistes sont délirants. Il n’en est rien. Ils sont simplement cyniques, opportunistes et individualistes et certains d’avoir tous les moyens de survivre en toute circonstance. Ils disposent, contrairement aux pays, de moyens financiers hors norme du simple fait d’une inégalité fiscale de fait. Il suffirait de taxer à 1% toutes les transactions boursières pour financer tous les services publics. Mais, ils ne veulent pas même entendre parler de cette solution keynésienne.
LA CRISE DU CORONAVIRUS REVELATRICE D’UN SYSTÈME CRIMINEL
Depuis 20 ans, l’O.M.C et les lobbys privés demandent à leurs représentants politiques de réduire les budgets de santé et de protection sociale dans une logique de privatisation.
Aux mobilisations et mouvements sociaux, qui depuis plusieurs années mettent légitimement en avant le risque d’implosion des services publics vitaux, les gouvernements de Sarkozy, Hollande et Macron, dans la continuité de leur mise en œuvre de politiques néo-libérales n’ont fait qu’opposer la répression. La propagation de la pandémie actuelle de Coronavirus et la pénurie de moyens sont les conséquences directes de leurs politiques de destruction du système public de santé, entre autres.
La plupart des pays européens auraient largement eu les moyens de dépister, de mieux prendre en charge et de réduire les effets de cette pandémie, s’ils n’avaient pas été endettés artificiellement par des lois au service des banques privées.
On culpabilise aujourd’hui le peuple pour qu’il procure des masques de protection aux professionnels de santé. Dans le même temps, les entreprises européennes sont en train de verser à leurs actionnaires 359 milliards d’euros de dividendes, soit plus que la dette globale d’un pays comme la Grèce s’élevant à 329 milliards d’euros pour 2019.
Pis encore, alors que l’on refuse des agréments à des initiatives universitaires, publiques et privées pour réaliser des tests de dépistage pour le Covid-19, le laboratoire français bioMerieux a obtenu le droit dérogatoire de commercialiser un test de dépistage rapide du Covid-19 aux Etats- Unis ! Les incohérences et hésitations des Etats européens ne sont dues qu’à leur volonté de ménager les multinationales et les laboratoires privés, de faire passer leurs brevets et profits avant la santé de tous et toutes.
Et ces capitalistes criminels ont la prétention de nous faire payer la crise économique à venir, en faisant passer une mesure de protection obligatoire (le confinement) pour des vacances ! La remise en cause de droits sociaux historiques -bien entamée- risque déjà de connaître une phase d’accélération. C’est insupportable. Le temps n’est plus à la dénonciation et à la résistance, c’est une riposte globale qu’il est urgent d’organiser pour abattre le capitalisme mortifère.
PRÉPARER LOCALEMENT ET GLOBALEMENT LA TRANSITION VERS UN AUTRE MONDE
La rupture avec ce système, si elle n’est pas préparée et encadrée collectivement, ne pourra se traduire que par une société violente et totalitaire. Car la crise sanitaire actuelle n’est rien comparée aux effondrements économiques à venir, effondrements dus aux changements climatiques et à d’autres facteurs. Les capitalistes, s’ils restent au pouvoir, vont s’enrichir à nouveau en généralisant les conflits armés pour le contrôle des ressources restantes. Ce n’est pas un avenir envisageable.
La transition vers un autre monde doit se faire à tous les niveaux et s’inscrire dans une stratégie du « Agir local et penser global ». Cette transition politique et économique doit faire l’inventaire des modèles désormais obsolètes pensés par la bourgeoisie, mais également des alternatives dangereuses pour l’émancipation collective et individuelle, comme ce fut le cas avec les bureaucraties staliniennes. C’est une nouvelle forme de citoyenneté et de rapport à l’espace qu’il nous faut mettre en place, un municipalisme autogéré qui s’inscrirait dans une confédération euro -méditerranéenne fondée sur la solidarité internationale et le respect de la souveraineté locale. Il s’agît de promouvoir une vision de la citoyenneté à l’opposée du modèle des Etats-nations qui a fait faillite et qui le démontre une fois de plus aujourd’hui.
Beaucoup de chantiers sont à ouvrir dès maintenant : Le renforcement de la production locale et des circuits courts, la gestion collective et écologique des biens communs (eau, infrastructures, espaces publics, patrimoine naturel, culture), le renforcement de tous les services publics, l’innovation en matière d’autonomie alimentaire, de production agricole et sur le plan énergétique. Mais tout cela ne sera possible que si nous imposons des orientations budgétaires en rupture avec un modèle économique basé sur les seuls secteurs du tourisme, du BTP et de la grande distribution. La bourgeoise corse s’est suffisamment enrichie sur notre dos, c’est au peuple corse, et à sa composante majoritaire, le monde du travail, de s’inscrire résolument dans une stratégie de rupture locale et globale avec le Capitalisme.
A Manca