Notre pays est entré dans une nouvelle période de son histoire. Beaucoup se nourrissent d’espoir, d’autres optent pour une réserve vigilante voire un réel scepticisme quand ce n’est pas une réelle opposition au programme validé par une majorité de celles et ceux qui se sont exprimés.
Ces phénomènes contrastés appartiennent à la norme de la vie politique. Il en va des opinions en Corse comme de celles qui s’expriment déjà au sein de l’actuel gouvernement. On ne peut que souhaiter vivement que l’arbitrage qui s’opérera penche pour la réelle prise en compte des revendications exprimées par la nouvelle majorité. De ce point de vue la réponse du Ministre de l’intérieur à un élu corse oppose une solution administrative à un problème politique, c’est comme si depuis 50 années il ne s’était rien passé en Corse.
Les blocages sont donc bien là. Ils sont d’ordre politique et ils traversent l’ensemble de la représentation politique française, et ce bien au-delà des clivages apparents.
Ils sont évidemment également d’ordre constitutionnel. Telle qu’elle est aujourd’hui, la constitution française n’autorise pas l’usage officiel d’une autre langue que le français et ne reconnaît la souveraineté que de la seule République Française, dite « une et indivisible ». Si tant est que le Président de la République Française et son Premier Ministre soient véritablement disposés à modifier cette donne, gageons que l’épreuve sera rude, longue et complexe. Les vieux réflexes chauvins de toute une partie de la classe politique française se sont déjà exprimés, aidés en cela par des médias hexagonaux plus prompts à nier une évidence démocratique qu’à délivrer de véritables informations.
Dans d’autres secteurs, en Corse comme en France, l’hostilité au vote exprimé en ce mois de décembre ne tardera pas à se manifester. Au sein des appareils policiers et judiciaires, tous sont-ils enclins à accepter la nouvelle donne politique en Corse ? L’expérience des temps passés est là pour nous démontrer que de profondes fractures au sein de l’appareil d’état, peuvent laisser apparaître des forces prêtes à s’exonérer de tous les cadres afin de mettre en échec toutes les évolutions, y compris les plus minimes. L’hostilité peut se manifester par les secteurs les plus obscurs de notre société, là où gravitent les spéculateurs et les accapareurs de l’argent public. Rien n’interdit de penser que des collusions de fait puissent voir le jour entre tous ces secteurs. La question se pose d’autant plus que quand le Ministre de l’intérieur explique en substance que la nouvelle majorité territoriale ferait mieux de se consacrer à « relever les défis qui l’attendent », les secteurs obscurs peuvent précisément penser que tout doit être mis en œuvre pour rendre la situation ingérable.
Tout en maintenant nos positions, nous souhaitons que la plus grande des vigilances anime l’ensemble du mouvement national. Que toute la place soit donnée aux débats et ce dans la libre expression de nos diversités, c’est une chose vitale. Sachons également faire preuve de responsabilité et de solidarité afin de mettre en échec les manœuvres de ceux, qui, par idéologie ou bas intérêts peuvent s’adonner à tous les moyens afin de déstabiliser notre société.
A MANCA