Une Situation politique critique
La justice et la liberté sont des principes universels consubstantiels, inséparables sauf à les restreindre par la force et l’arbitraire. Le peuple corse a légitimement le droit à la justice et à la liberté : toute autre position est inique et doit être combattue .
La France a annexé la Corse par le feu, le fer et le sang, ruinant un état de libre épanouissement des hommes et des femmes de cette terre. En édictant des lois, en corrompant ou promouvant les plus faibles, en réprimant les plus dignes, les différents régimes politiques français ont inlassablement œuvré à la dilution assimilationniste, dilution contrainte de la nation corse dans la nation française
Sur fond de folklorisation à outrance, de spéculation immobilière et d’injustices sociales, la jeunesse corse s’est soulevée dans les années 70 et a su opposer une résistance légitime au processus colonial. La répression ayant échoué, les gouvernements français ont opté pour le soutien au grand banditisme et à l’une de ses activités principales de blanchiment d’argent : l’investissement dans les programmes immobiliers.
Aujourd’hui, cette dernière option met le peuple corse en péril. L’installation massive de personnes issues de l’immigration française, entre autre, accroit une situation inédite : Les Corses ne seront bientôt plus en mesure de peser démocratiquement sur leurs choix de vie et de devenir sur leur propre terre. Aucun peuple dominé en Europe ne connaît actuellement cette situation.
Il ne s’agît pas ici de stigmatiser un accroissement de population au nom de l’origine, puisqu’on ne peut présumer à l’avance des intentions de chaque nouvel arrivant. Mais le fait est que si la majorité de nos nouveaux concitoyens n’est pas pas forcément composée de colons en puissance, la grande majorité s’avère tout simplement indifférente et non concernée par les préoccupations et le devenir des indigènes locaux, une fois de plus relégués au folklore ambiant et à la moquerie institutionnalisée.
Dans le contexte, le gouvernement français se comporte en vainqueur, et tout dans ses attitudes ouvertement méprisantes pour la démocratie insulaire, laisse supposer qu’il table sur une solution à moyen terme de la question corse : La marginalisation du peuple corse.
Que faire ?
Dès lors, les patriotes et progressistes sincères doivent se poser les bonnes questions et apporter les bonnes réponses aussi bien face au pouvoir colonial qu’en direction des milliers de personnes artificiellement installées via les programmes immobiliers spéculatifs et/ou mafieux.
Le gouvernement français est d’autant plus méprisant et fermé à toute évolution sur les droits politiques du peuple corse que les demandes sont minimalistes et non appuyées sur un rapport de force populaire. Un célèbre indépendantiste antillais disait que « Pour que la France accepte de négocier il faut d’abord qu’il y ait un bain de sang ». Entre une posture régionaliste et le bain de sang il y a une marge de manœuvre dont les plus sensés d’entre nous peuvent et doivent s’emparer.
La question qui se pose fondamentalement est, et demeure celle du DROIT A L’AUTODETERMINATION DU PEUPLE CORSE. Et c’est bien ce principe qu’il faut opposer à l’état français avant de négocier quoi que ce soit. Car si d’emblée il est actée par la République française que le peuple corse n’a pas le droit de se déterminer sur son avenir, toutes les autres demandes techniques renvoyant à ce principe, seront par nature rejetées (cf. Co-officialité).
Si la partie la plus consciente de notre peuple est encore en capacité de se mobiliser, toute cette énergie ne doit pas être dilapidée sur des mots d’ordres minimalistes, mais bien sur un positionnement politique fort face à l’Etat français. Un progressiste qui serait opposé à ce droit à l’autodétermination, principe universel et démocratique, doit être perçu pour ce qu’il est véritablement : Un réactionnaire conservateur. Nous le disons très sereinement aujourd’hui, toute autre stratégie face à la puissance occupante est vouée à l’échec.
Les nouveaux arrivants qui profitent du soleil et de notre cadre de vie ne sont pas exonérés de leurs responsabilités. Encore une fois, entendons-nous bien, c’est leur positionnement politique qui est déterminant et non leur origine. En cela nous inscrivons pleinement notre propos dans la tradition paoliste.
En d’autres termes, soit ces personnes cautionnement volontairement ou par indifférence la politique d’effacement du peuple corse, en ce cas ils appartiennent à la communauté des colons (entendre agents individuels du colonialisme français) ; soit ces personnes aspirent à bâtir un vivre ensemble et un avenir commun conformes à la préservation du peuple corse, et dans ce cas ils appartiennent à la communauté de destin.
Les approches ethnicistes de pseudo-nationalistes corses, nourris au biberon de l’extrême-droite française, pendant que les patriotes corses luttaient activement, n’ont d’autres objets que de servir des schémas importés par l’extrême-droite européenne qui ferait peu de cas de notre peuple si elle arrivait au pouvoir. C’est une citoyenneté corse ouverte qu’il nous faut opposer aux délires mortifères des racistes. Toute ambigüité sur ce sujet condamne le peuple corse à disparaître, relégué à une pseudo identité virile et régionale.
L’heure est à la mobilisation
Oui donc à une mobilisation la plus large possible pour la défense des droits politiques du peuple corse, mais à condition que le mot d’ordre soit à la hauteur des enjeux.
Le peuple corse doit se mobiliser pour exiger son droit de décider librement de son avenir, tout simplement.
Si l’on mobilise une fois de plus des milliers de personnes sur des mots d’ordre techniques, en éludant le fond, cela va être une fois de plus interprété par le gouvernement Valls comme un grand signe de faiblesse.
Souvenons-nous que les victoires obtenues dans les luttes politiques et sociales l’ont été lorsque les peuples mobilisés ont su hisser leurs revendications à un certain niveau d’exigence et porteur de sens, sans crainte de rester fidèles aux fondamentaux, sans tentation de leur préférer l’illusion de la revendication raisonnable. Qui demande peut n’obtient rien !
Il ne reste plus qu’à nous convaincre mutuellement d’être forts, clairs et audibles, sans nous renier dans nos différences.
A MANCA