« Tout mouvement de libération … doit d’abord désaliéner l’homme dominé, détruire le système de significations que la rationalité capitaliste instaure dans la conscience du peuple ». Jean Ziegler .
La dernière entrevue entre Gilles Simeoni et le Premier Ministre est l’aboutissement d’une séquence dont les résultats étaient prévisibles. Pour Macron, son gouvernement et sa majorité, le peuple Corse n’a aucune existence. En se prononçant ainsi, ils peuvent compter sur la collaboration active des mouvements politiques qui, sur place, se sont montrés hostiles à toute reconnaissance de nos droits historiques. Des néo-fascistes du Rassemblement National, de la droite, des macronistes en passant par le PCF et la pseudo alternative de gauche, tous se sont opposés dans les faits à la reconnaissance du peuple Corse. Balayés dans les urnes en décembre 2017, ces mouvements obtiennent une revanche fondée au besoin, sur un déni de démocratie. En cela, ils rejoignent dans ses conceptions, un Charles Pasqua qui déclarait, il y a quelques décennies : « la démocratie s’arrête là où commence la raison d’Etat ».
L’échec de l’entrevue entre Gilles Simeoni et le Premier Ministre n’est donc pas une surprise. C’est au contraire l’obtention de la moindre avancée politique qui aurait revêtu un caractère inédit. Le gouvernement Macron entend accélérer la finalisation du processus d’intégration définitive de la Corse à l’espace français dans toutes ses dimensions, y compris la vente au détail de la Corse sur le marché capitaliste.
La politique néo-libérale et néo-impérialiste de Macron se traduit par une brutalité, qui opprime à la fois les peuples et le monde du travail. Dans cette vision capitaliste fondée sur le règne des banques, il n’y a aucune place pour le peuple corse, condamné dans ce schéma à disparaître. Il s’agit là d’un choix idéologique parfaitement assumé : disons- le tout net, ce gouvernement orchestre notre disparition pure et simple en tant que peuple.
Les nationalistes français ne font aucune distinction entre les courants dits « modérés » et les partisans du droit à l’autodétermination, c’est là un des enseignements majeurs que nous devons également retenir.
Dès lors, la question que nous devons collectivement nous poser aujourd’hui est celle des ressorts à mettre en œuvre pour sortir de cette impasse morbide. C’est à partir de nous -mêmes et de notre capacité à résister en produisant du sens et une alternative que doit se construire un projet de société digne et source de désaliénation . En effet, contre toute attente et malgré le marasme ambiant, la pression de la spéculation immobilière, la précarisation de la jeunesse et la gangrène mafieuse, le désir de vie du peuple Corse peut déboucher sur de nouvelles formes de résistance.
C’est de notre détermination à préparer une riposte publique et unitaire sur des bases fédérant de plus grand nombre que la lutte d’émancipation trouvera un nouveau souffle.
Cette campagne politique doit passer , impérativement par des mobilisations importantes et des campagnes de désobéissance civile. A Manca s’inscrit et s’inscrira dans toute démarche collective allant dans le sens de la réactivation de la lutte de masse.
A Manca.