Pyramide
Nous y voilà, une fois de plus, à nos petites élections. Nous y voilà, une fois de plus, nourrir un système électif faisandé.
Oh ! N’allez pas croire que je ne respecte pas la position du « changement par les urnes ». En fait J’ai toujours eu beaucoup de sympathie pour les candides. Pour cette douce naïveté de croire qu’en faisant les choses bien, en étant rempli de bons sentiments sincères, on pourrait tout changer. Oui, je respecte cela, et même, je voudrais y croire. Et bien que ces orientations ont toute ma considération, impossible pour moi de ne pas voir la réalité en face, froide, austère, et si indifférente à nos gesticulations.
Ce système électif pyramidal a été usé jusqu’à la corde, aujourd’hui il est pourri et en décomposition. Alors que dans la nature, cela engendrerait une nouvelle fleur, ici il n’engendre que désastre et désespoir.
À la fin, ceux qui ont le pouvoir, en auront encore plus, de nouveaux pharaons au sommet de leurs pyramides… Jusqu’au jour où leur cupidité et avidité leur exploseront à la gueule, parfois brusquement d’ailleurs. Tantôt un arrangement entre amis se transforme en enterrement entre amis, tantôt une ligne de compte grossièrement dissimulée envoie notre « élu » derrière les barreaux.
Mais la plupart du temps, le fil du détonateur est long, long comme un requiem, comme d’ interminables soins palliatifs. On met à sa place son fils, son petit-fils pour essayer de combler ce manque, le plus longtemps possible, pour toujours si possible, comme un toxicomane de pouvoir en somme.
Un système où chaque promotion de campagne ressemble à un clip « egotrip » de mauvais rap. Idolâtrie, starification, fétichisme : un selfie, monsieur la tête de liste ? Touchez-moi ! Embrassez ma fille ! Toi aussi viens sur la photo, participe à la messe , tu seras dans « la Cène », viens derrière le messie, le guide, nous en avons besoin … Nous en avons besoin ? Vraiment ? Mais oui ! Si on vous le dit ! En boucle sur les télé-écrans, sur les papiers, la novlangue beugle la liberté c’est l’ esclavage, le gouvernement représentatif, c’est la démocratie !
Bien-sûr, certains veulent le changer, ce système, l’améliorer… mais seulement en utilisant les armes de celui-ci… erreur funeste.
Le match est perdu d’avance, l’arbitre est corrompu, l’équipe d’en face définit les règles du jeu en temps réel, elle joue à domicile et à 11 contre 1 . Comble de la perfidie, à la fin de la partie, tous les joueurs porteront le même maillot, sponsorisé : « Ironie du sort Inside ».
Triste spectacle que de voir les nouvelles générations s’ institutionnaliser, intégrer les discours de Papa ! Les « Tanguys » politiques sont en marche.
Jeter dans le « Sarlacc », ils seront sans s’en rendre compte digérés et recrachés, devenant le clone de papa, un soldat de l’Empire. Pas d’arrogance, n’importe quel participant à la représentation sera façonné par le dogme. Qu’importe la force de ses convictions, le résultat sera toujours et a toujours été le même …
Mascarade, carnaval, aberration démocratique. Nous votons pour plus de liberté … on nous rajoute un maillon à la chaîne. …
Nous voilà alignés devant les urnes comme les lignes sur un code-barre.
Vous voulez une prédiction concernant le prochain suffrage : DÉSILLUSION, pour 80 % des votants !
La pyramide n’engendrera que des pharaons, le sommet change mais la base est la même, et elle supportera le poids du prochain roi, du nouveau clan.
Fini, terminé, je n’y participerais plus ! J’ai compris ! Ce n’est pas ici que ça se passe…
Je ne veux plus mettre de rustines sur des roues crevées, je veux changer de vélo, changer de route, faire s’écrouler cette pyramide une bonne fois pour toutes.
Le droit de vote dans tout ça ? Et bien je suis trop conscient de son importance pour le laisser périr au fond de l’abîme ! Dénaturé, il devient mirage, comme un souvenir d’une bataille lointaine…
Je respecte la liberté d’expérimenter de chacun. Essayez, risquez, tentez …
Respectez à votre tour mon sentiment, celui d’avoir les yeux ouverts, d’avoir déjà essayé et de ne plus avoir confiance en « eux » .
Par éthique, je ne pourrais plus vous soutenir sur ce chemin, parce que j’ai de la sympathie pour vous et que je vous estime .
Sachez cependant que tout comme on peut se tromper d’ennemis, on peut se tromper d’alliés.
Quand vous serez arrivé à la conclusion que ce système n’engendre que de nouveaux maîtres, que la seule différence entre ceux d’hier et ceux de demain sera peut-être qu’ils parlent corse … vous comprendrez que souverains, ils resteront.
Quand vos rêves seront devenus désenchantement, quand les déboires et la déception vous auront contaminés, surtout, ne vous résignez pas , ne vous résignez jamais ! Résistez !
Vous cracherez alors à la gueule de la « REFORME » des institutions coloniales et du suffrage universel.
Vous vous lancerez alors, peut-être, dans le démantèlement de la pyramide, dans l’écriture d’une nouvelle constitution, dans la construction d’une nouvelle organisation sphérique, où chacun apporte à l’autre sans être au-dessus ou en-dessous . Une toile de compétence humaine, la « Paoli 2.0 »
Vous nous trouverez alors à vos côtés, amis, camarades, nous y sommes déjà, et depuis un bout de temps, nous sommes de plus en plus nombreux. Vous comprendrez que les arbres tombent même quand on ne les entend pas tomber. Vous trouverez des alliés solides, émancipés, sachant ce que ce combat incombe comme sacrifices et détermination.
Peut-être alors, crierons-nous à l’unisson :
« Nous sommes le peuple corse, dans nos paradoxes, dans nos points communs, nous existons, nous n’avons pas de couleur, nous sommes autodéterminés, nous n’avons pas besoin de représentants, nous sommes désormais libres… ».
Preger-Lanzi Jean-Pascal, militant Manca