La préfète Josiane Chevalier a quitté ses fonctions, et au vu de son bilan nous ne pouvons que lui souhaiter : Buon Viaghju !
Cette serviteuse de l’État aura continué avec brio la mission de mise sous tutelle des Corses dans le cadre d’une fonction qui s’est caractérisée dans les faits par un véritable gouvernorat colonial.
Autant nous pouvons avoir des divergences importantes avec la majorité territoriale actuelle, autant nous ne pouvons que constater que rien n’aura été épargné à cet exécutif de la part de Mme Chevalier, jusqu’à cette ultime provocation indigne dans le contexte de la commémoration à la mémoire du Préfet Erignac.
Et au-delà du pouvoir territorial, tout aura été mis en œuvre pour mettre dans la plus grande difficulté le mouvement national dans son ensemble et d’une façon plus large encore, toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans le Peuple Corse en tant que communauté vivante pouvant prétendre à des droits légitimes.
En cela, la préfète Chevalier n’a fait qu’appliquer avec zèle la ligne chevenementiste et néo-libérale d’Emmanuel Macron concernant la Corse. Lequel avait déjà joué l’année dernière à notre encontre la partition outrancière du « peuple Préféticide ».
Le bilan de l’action de l’État est plutôt positif du point de vue de la poursuite du processus colonial, avec pour la majorité des Corses un recul de leurs droits sociaux, culturels et politiques. Avec la ligne dure caractéristique de cette ère Macronienne, c’est l’idée même de Statut Particulier qui est remise en cause, un recul sans précédent depuis 40 ans.
A cette fin de non-recevoir à toute forme de dialogue sur des évolutions démocratiques nécessaires, il aurait été plus pertinent de prioriser la remobilisation populaire.
Seul ombre au tableau du bilan de Mme Chevalier, les poussettes et manipulations en direction des organisations nationalistes sur fond de recomposition interne, n’ont pas produit les effets escomptés, effets recherchés qui auraient signé l’arrêt de mort de la lutte pour le droit à l’autodétermination. Les compétences et moyens des services français ne sont pas en cause, cet échec est plus à mettre sur le compte, espérons-le, d’une maturité politique des dirigeants nationalistes, quelles que soient la nature de leurs clivages. Mais le danger demeure.
Le nouveau préfet Robine axe toute sa communication d’installation sur une volonté de dialogue. En l’absence de rapport de force sur le terrain, Il n’y a aucune raison que Macron infléchisse sa ligne sur la Corse et cette posture d’apaisement doit plutôt s’inscrire dans le contexte général des élections municipales. Les marcheurs essayent de tout mettre en œuvre pour minimiser le fort rejet populaire qui risque de s’exprimer dans les urnes.
Quelle que soit la personne nommée à la préfecture de «Région», l’État français poursuivra sa politique d’assimilation forcée. La vigilance doit rester de mise et l’heure est plus que jamais à organiser les résistances populaires.
A MANCA