Déclarer illégale la pousse, la reproduction ou la vente de semences végétales non testées et approuvées par une nouvelle autorité de contrôle européenne appelée l’agence européenne des variétés végétales, en un mot criminaliser la culture personnelle de légumes, la culture potagère, cela vous semble digne du plus inquiétant roman ou film de science- fiction ? Eh bien, détrompez-vous. Voilà résumé le projet que porte la commission européenne.
Remettre le contrôle de l’approvisionnement alimentaire des peuples du continent à des multinationales capitalistes comme Monsanto qui font la pluie et le beau temps dans le secteur des semences, c’est favoriser des sociétés qui défendent les mêmes intérêts économiques que ceux des classes dominantes. C’est permettre à ces entreprises qui ont créé des plantes à haut rendement, mais fragiles, de créer un environnement artificialisé, sans semence naturelle, mais au contraire dépendant des engrais chimiques et des pesticides, donc du pétrole.
C’est consacrer la marchandisation intégrale du monde jusque dans nos assiettes.
Mais à quel prix ? Une telle mesure revient à en finir définitivement avec la bio- diversité, avec la richesse des variétés régionales, seule garantie d’une alimentation saine et variée à partir d’échanges de plants entre particuliers. C’est la destruction programmée en Corse de l’héritage populaire du labeur multiséculaire de générations de cultivateurs.
C’est aussi interdire ce qui est la plus ancienne activité de l’homme sédentaire depuis la révolution néolithique il y a de cela huit mille ans, ce qui reste l’expression de son indépendance et de sa liberté économiques en toute circonstance. C’est aussi, et c’est en cela que se révèle le caractère absurde et antihumain du libéralisme, couper définitivement le lien essentiel qui unit l’homme à la terre nourricière qui le porte, rompre en un mot avec des millénaires de civilisation.
C’est consacrer la loi barbare du profit contre la civilisation.
Face à une telle barbarie, il ne peut y avoir de réponse ambigue. C’est un non franc, massif et absolu qui doit prévaloir, qui doit s’exprimer aussi bien dans les cadres institutionnels que chez tous les particuliers. La désobéissance civile doit s’exercer. C’est pourquoi A Manca participe, soutient et soutiendra toute forme d’opposition et de résistance citoyenne à ce projet hautement liberticide et destructeur.
A MANCA