Les faits qui se sont déroulés lundi soir à Bastia sont d’une extrême gravité. Un groupe d’une vingtaine de militants et sympathisants d’extrême-droite ont empêché physiquement la tenue d’un débat public portant sur la question des migrants, débat organisé par la CIMADE.
L’espace public et la liberté d’expression doivent être défendus contre le péril fasciste, en Corse comme ailleurs. Les faits ne doivent pas être minimisés car ils sont comparables en tout point à des mécanismes que l’on n’avait plus vus à l’œuvre depuis les années 30.
Sur ce fait d’actualité précis, rappelons que la responsabilité politique directe incombe à Jean François Baccarelli, qui, aidé dans son entreprise par divers groupuscules formés à l’extrême-droite française ou italienne, a expliqué aux plus précaires que leurs principaux ennemis étaient les migrants et cristallisé ainsi lors d’une manifestation publique, toutes les haines.
Il est bien-sûr plus facile de s’en prendre aux plus précaires étrangers qu’à ceux qui ont accaparé toutes les richesses entre leurs mains et creusé des inégalités insupportables. Il est aussi bien plus aisé de jouer la carte de la démagogie et d’attiser la guerre de la pauvreté contre la misère plutôt que de chercher les facteurs d’explication du côté de la répartition des richesses et de travailler à élever le niveau de conscience dans notre pays.
Nous assistons aujourd’hui à la formation d’embryons de véritables Sections d’Assaut qui commencent par vouloir museler les associations et demain, s’en prendront directement aux militants syndicaux et politiques. Pour celles et ceux qui en douteraient, les réseaux sociaux sur Internet montrent l’état d’esprit de ces personnes qui sont en train de se fédérer et de dépasser le cadre groupusculaire.
C’est bien une guerre qu’ils entendent livrer, non seulement aux étrangers responsables selon eux de tous nos maux, mais aussi à ceux qu’ils appellent les « bobos», « droitsdelhommistes » ou « mondialistes » et à propos desquels des appels réguliers à la haine, voire au meurtre sont proférés sans hésitation.
Que chacun prenne la pleine mesure des événements qui se déroulent en ce moment même sous nos yeux. Trop nombreux sont les responsables politiques qui ne se positionnent pas ou ont une attitude ambiguë face à ces phénomènes au nom d’un calcul électoraliste hélas bien connu qui consiste à ne pas se brouiller avec une partie de leur base électorale ouvertement raciste. L’heure n’est plus aux tergiversations. Chacun est comptable aujourd’hui de ce que sera la société corse de demain.
Nous appelons à la mobilisation la plus large pour la défense des libertés individuelles et collectives en Corse contre les dérives racistes et fascistes. Cette mobilisation doit transcender certains clivages et regrouper tous les Corses d’origine et d’adoption qui ne veulent plus laisser la rue et l’espace public à l’extrême-droite raciste. Toutes celles et ceux qui sont attachés au principe de liberté doivent se regrouper et préparer une réponse à la hauteur du péril, que ce soit au nom de convictions politiques, culturelles, religieuses ou spirituelles. Cette mobilisation ne peut être un fait partisan ou symbolique, elle doit être bien préparée dans le cadre collectif le plus approprié et représentatif.
A Manca s’inscrira dans toute dynamique qui s’opposera clairement au danger fasciste