Suite à la visite du président de la république française, sont organisées des réunions sous l’égide de Mme Gourault à qui l’on doit l’annonce antérieure d’une « adaptation » de la loi « littoral ».
Quelle que soit la nature de ses échanges avec des représentants élus de Corse, celle-ci ne peut qu’appliquer les directives de Macron. C’est de l’hyper-président, qui s’est peu préoccupé des résultats des élections de décembre 2017, que vont émaner en dernière intention les dispositions envisagées.
Selon toute vraisemblance, celui-ci n’accepte pas que soient inscrits les concepts d’autonomie ni de coofficialité dans la Constitution française. Quant au rapprochement éventuel des prisonniers politiques, là aussi et en dépit des lois opérantes à ce sujet, rien n’est annoncé.
Comme nous l’avons déjà évoqué dans de précédentes communications, les véritables desseins de Macron concernent plus les politiques qu’il entend mener au niveau hexagonal que le sort de la Corse et d’un peuple dont il se refuse toujours à reconnaître et l’existence et la souveraineté.La modification de l’article 72 de la Constitution française aurait pour véritable fonction d’introduire encore plus de libéralisme et dans les faits, de mettre en compétition des régions, dans le cadre d’une économie fondée sur la compétition à outrance dont l’Europe se veut le fer de lance.
Nous alertons les élus de la majorité territoriale sur ce qui pourrait apparaître comme des bricolages très éloignés du socle minimal voté par des milliers de corses lors des dernières élections. Nous restons disposés à œuvrer dans un cadre large et démocratique avec toutes celles et ceux qui le souhaitent pour la poursuite de la mobilisation sur la base de ces revendications légitimes. Les premiers à payer le prix fort des accommodements qu’exigerait Macron seraient les composantes Femu a Corsica et Corsica Libera. Cela pourrait se traduire par une désaffection lors des prochaines consultations électorales mais plus encore, par des tensions internes à chaque structure mais également entre structures. La droite ne s’y est pas trompée, elle, qui spéculant par anticipation sur ces phénomènes, n’a de cesse d’exulter à l’écoute des discours et prises de position de Macron.
La prudence consiste dès lors à ne rien céder du programme validé par une écrasante majorité d’électeurs. Les ressources pour construire une véritable démocratie existent au sein de notre société. C’est elles qu’il nous faut solliciter et ce dans tous les domaines vitaux. Que l’État français se refuse à admettre la prépondérance d’un peuple sur son espace de vie n’a rien de très novateur ni rien de très surprenant. Après plus de deux siècles de politiques qui ont eu comme seul et unique but d’imposer un lien de sujétion, l’héritage est lourd et la tâche immense.
La soif de démocratie est réelle et cette démocratie reste à inventer, puis à construire.
Ses fondements doivent reposer sur un projet de citoyenneté lui-même axé autour du concept de communauté de destin. Cette citoyenneté source d’égalité et de justice sociale implique une démocratie vivante parce que directe. Elle peut se traduire par un développement économique fondé sur la satisfaction de nos besoins vitaux et non plus sur une course morbide au profit, course démente qui ruine déjà des pans entiers de notre société et nos cadres naturels de vie. Le mouvement national dans sa diversité est en capacité de s’accorder à imaginer et mettre en œuvre une alternative cohérente et crédible. Il faut qu’il en ait la volonté et c’est ainsi que la jeunesse peut s’investir et croire de nouveau à ces changements qu’elle exige. Les responsables de la majorité se sont engagés publiquement à réunir d’abord pour une concertation toutes les forces du mouvement national. Nous y sommes prêts avec la seule volonté de défendre activement le Bien Commun.
Notre interpellation de ce jour s’adresse donc à eux pour que dans les meilleurs délais, puissent commencer ces échanges dont le succès ne fait à nos yeux aucun doute, pour peu qu’ils aient comme fonction de mobiliser les forces de notre pays. L’objectif doit être de construire sans plus tarder une alternative au « modèle » délétère que tente de nous imposer le gouvernement de la France.
A Manca