La visite de Mme Lebranchu s’est soldée par la réaffirmation de la ligne gouvernementale, précédemment développée par le ministre de l’intérieur.
Des propos de la Ministre se dégage un premier enseignement que l’on pourrait résumer comme suit : en ce qui concerne la Corse, les positions gouvernementales sont homogènes et sans ambiguïté aucune. De Paul Giacobbi en passant par Dominique Bucchini jusqu’aux élus nationalistes, tous ont tenté, en vain, d’infléchir la dite position.
D’autre part, bien que défendant une perspective résolument réformiste, la majorité de circonstances à l’Assemblée de Corse n’a pas été entendue. C’est en effet bel et bien dans un cadre politique et juridique qui réaffirme sans concession la prédominance de la nation française une et indivisible que s’inscrivent les propositions de la Ministre. Par l’annonce de quelques « mesurettes », cette dernière a de plus tenté de fracturer la majorité de circonstance plutôt que de répondre positivement à ses demandes.
Une évidence s’impose aujourd’hui : sur le fond comme sur la forme, c’est le pouvoir central qui décide de la politique en Corse sans tenir compte des représentations politiques insulaires.
Le fait colonial vient d’être ainsi démontré une nouvelle fois s’il en était besoin. Les tractations de couloirs ont accouché d’un échec cuisant. Les majorités de circonstance, obtenues autour d’un consensus régionaliste, n’ont en rien réussi à peser sur l’État ou à infléchir la raideur de sa ligne.
Face à des perspectives politiques, économiques, culturelles et sociales, face à une situation qui dans sa globalité, hypothèque l’existence même du peuple corse, la tutelle coloniale poursuit implacablement ses politiques assimilatrices.
Il nous faut donc relever un défi, défi qui peut tourner à l’avantage des intérêts de la Corse à condition que l’on prenne en compte plusieurs conditions :
– La politique à mener pour la Corse se décide en Corse par et pour les Corses. En conséquence l’affirmation et la pratique du droit à l’autodétermination constituent le socle des mobilisations à venir.
– Ces mobilisations vitales supposent la participation de toutes les forces de notre nation. Cela signifie le rôle central du mouvement national dans toutes ses sensibilités.
– Cela implique que d’une part, les véritables progressistes et démocrates fassent un pas significatif dans la perspective de ces mobilisations et d’autre part, s’accordent à affirmer que c’est en Corse et nulle part ailleurs que se décident les politiques de notre pays. Il ne leur suffit plus d’évoquer informellement l’existence du peuple corse. En participant à la reconnaissance inconditionnelle de celui -ci, les progressistes et démocrates doivent véritablement faire preuve du sens de la responsabilité qu’impose une situation aussi grave.
– Une fois le rapport de force créé, toutes les forces doivent exiger l’ouverture de négociations publiques sous le regard d’observateurs internationaux, en particulier ceux issus de la Communauté européenne.
Nous demandons au Collectif « Simu di stu paese » une réunion rapide. Nous proposerons dans ce cadre, une manifestation comportant deux mots d’ordre :
« Sculunisazione, Autodeterminazione. ».
Nous sommes persuadés du succès de cette première manifestation. Les attentes populaires au regard de la situation sont grandes et ne peuvent pas être ignorées.
Ce n’est que publiquement et dans la clarté que nous parviendrons à imposer au pouvoir colonial la volonté du peuple Corse.
A Manca