La mobilisation du 13 avril s’inscrit dans une période politique marquée par le refus permanent exprimé par le gouvernement Macron en ce qui concerne les revendications du mouvement national.
La question des emprisonnés politiques, des recherchés et de ceux en butte aux persécutions des appareils policiers et judiciaires de l’Etat français est révélatrice de ce déni de démocratie.
Dès lors, il apparait clairement que ce gouvernement et le chef de cet Etat veulent annihiler toutes les formes de résistance ou plus exactement ce qu’il en reste.
Depuis des années, nous avons suggéré à l’ensemble du mouvement national la dissociation des dossiers culturels, économiques et sociaux de celui concernant les prisonniers politiques. Et ce, pour une raison aussi simple qu’évidente. Il ne fallait en aucune manière permettre au pouvoir français de prendre en otage les emprisonnés. Il ne s’agissait donc pas « d’oublier » cette question mais de l’inscrire dans le cadre global de la prise en compte de la lutte en tant que reconnaissance de la légitimité historique du peuple corse à exercer son droit à l’autodétermination.
Notre proposition n’a pas été retenue, en particulier par les formations aujourd’hui en charge des affaires de la Collectivité Unique. Celles-ci, sans doute persuadées que l’expression des urnes conduirait le pouvoir colonial à s’engager dans de véritables négociations, ont opté pour des appels au dialogue, sans aucun résultat tangible.
Au terme de longs mois sans la moindre avancée conséquente, force est de constater que seul un rapport de force peut potentiellement déboucher sur une amorce de règlement politique. Ce rapport de force doit nécessairement se construire sur le terrain des luttes publiques et dans le respect des diverses sensibilités propres au mouvement national.
Cependant, et en le déplorant, nous sommes conscients que notre analyse n’est pas partagée par toutes les organisations politiques. Aussi, sans renier en rien nos propos et engagements, nous nous engageons aux côtés de l’association Patriotti sur la base de l’appel à manifester le 13 avril prochain.
Construisons un nouveau rapport de force
Tout doit être mis en œuvre afin de mettre en échec cette stratégie de la vengeance d’Etat dont se rendent coupables les dirigeants de l’Etat français et ceux qui les soutiennent. C’est désormais une nécessité vitale dans le rapport de force politique avec l’occupant, avant que le peuple corse ne soit définitivement coulé dans le béton. Aucun patriote et progressiste attaché aux libertés individuelles fondamentales ne peut négliger cet appel à la solidarité et à la mobilisation.
C’est un devoir de solidarité, c’est aussi la manifestation d’une résistance qui s’impose à toutes et tous.
Dans ce contexte, les postures égotiques, stratégies pré-électorales et vulnérabilités éventuelles à la tactique de « la course à l’interlocuteur privilégié » chères aux pouvoirs coloniaux en action, qu’ils soient historiquement génois ou français, ne sont pas acceptables, voire suicidaires. Le mouvement national dans son ensemble doit faire preuve d’un grand sens des responsabilités et démontrer sa maturité politique en évitant les pièges grossiers et en accompagnant son seul dirigeant légitime, le peuple corse, dans la rue.
Sortir du piège de l’Europe forteresse
Malgré nos prises de positions et nos avertissements sur le traité de Lisbonne de 2005, de nombreux dirigeants nationalistes n’ont pas entendu tirer la sonnette d’alarme. Ils ont fait voter pour cette constitution néolibérale en propageant l’idée que l’Europe allait permettre de sortir d’un tête à tête stérile avec les États.Ce traité prévoyait pourtant le renforcement des politiques pouvant garantir l’intégrité territoriale des États constitués, et c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui.
L’exemple catalan nous montre que la défense de cette intégrité nationale, incompatible avec le droit à l’autodétermination, est la priorité politique de Madrid et de Paris. Et dans cette fuite en avant, le gouvernement Macron re-centralise et tente de faire faire à la Corse un bond de cinquante ans en arrière. C’est une autre Europe que nous devons construire, les votes réactionnaires (LREM compris), populistes et néo-fascistes ne feront qu’aggraver la situation des peuples en lutte en Europe.
Empêcher la criminalisation de la question corse
Les militants politiques dont les sacrifices ont permis de créer les conditions historiques de la prise du pouvoir institutionnel local par le mouvement national ne doivent pas être laissés seuls face à la répression. Cette répression s’appuie sur des instruments de fichages et de pression sociale et financière.
Le caractère rétroactif d’un fichier comme le FIJAIT rappelle les heures sombres de Vichy et ouvre la porte à d’autres dérives. On ne peut exclure qu’un durcissement de la répression et qu’une criminalisation croissante des partisans du Droit à l’Autodétermination du peuple corse ciblent toutes les actions passées, présentes et futures, à travers leurs auteurs. C’est une grave menace qui pèse sur nos moyens de défense publics et qui attaque frontalement les libertés fondamentales bien au-delà de la Corse.
A Manca appelle à faire de la mobilisation du 13 avril à Bastia un succès populaire, première étape des luttes à venir.
A Manca