Dans son allocution du mardi 28 avril, le Premier ministre Edouard Philippe a confirmé que la décision de rouvrir les écoles n’était dictée que par la nécessité de satisfaire aux attentes et de répondre aux intérêts du Medef, soucieux de remettre sans délai les salariés au travail.
D’un seul coup on a trouvé des millions de masques et autres matériels de prévention qui vont être distribués dans les établissements scolaires alors que les personnels soignants, les caissières et les postiers les ont attendus et les attendent toujours en vain depuis quarante-cinq jours. Cette situation ubuesque est aussi scandaleuse qu’inacceptable. L’exécutif aura sans doute à répondre de cette gestion criminelle de la crise sanitaire.
Quant à leur programme de retour à l’Ecole, outre son caractère inapplicable eu égard aux contingences du milieu scolaire (exiguité des salles de classe, des réfectoires, manque patent de personnels de maintenance et d’entretien pour ne citer que quelques exemples), il traduit surtout le mépris le plus complet des problématiques éducatives mais révèle aussi une inversion de la logique sanitaire sacrifiée sur l’autel de la logique économique.
En effet, ce sont les plus petits, élèves des écoles maternelles et élémentaires, pourtant les moins à même de respecter les gestes « barrière » qui sont censés retrouver les bancs de l’Ecole les premiers. Et pour cause, puisqu’ils forment également le groupe d’enfants à faire garder en priorité pour que leurs parents se remettent à l’ouvrage, vu le jeune âge et le manque d’autonomie inhérent à cette tranche d’âge. De même, ce sont pour les mêmes raisons, ne nous leurrons pas que les plus jeunes des collégiens, élèves de sixième et cinquième, sont attendus à partir du 18 mai, date annoncée pour la réouverture des collèges.
Face à un tel cynisme institutionnel et gouvernemental qui va jusqu’à feindre une prétendue inquiétude de l’ampleur de la fracture numérique qui prive les quartiers populaires de la « continuité pédagogique », le refus des populations que l’on jette en pâture aux coups du virus, doit être sans ambiguïté.
C’est pourquoi A Manca appelle tous les personnels de l’Education nationale à pratiquer la désobéissance civile et à ne pas effectuer leur retour dans les établissements scolaires le lundi 11 mai. Il est également impératif que l’ensemble des parents d’élèves prennent conscience de l’inconséquence criminelle d’une décision hautement périlleuse pour la santé publique, décision qui risque fort, disent les plus éminents spécialistes, d’entraîner une deuxième vague de contaminations à laquelle les structures hospitalières ne seraient sans doute pas en mesure de faire face.
A Manca