Les résultats du referendum pour l’indépendance de l’Écosse doivent être analysés de façon précise afin d’en tirer quelques enseignements politiques et une mise en perspective pour notre pays.
Le promoteur de ce projet, Alex Salmond, affirme que l’affaire est seulement close pour cette génération a contrario du premier ministre britannique, David Cameron, qui prétend que ce résultat revêt un caractère définitif concernant l’avenir de l’Écosse.
Une analyse statistique du scrutin semble donner raison aux patriotes écossais. En effet, si on analyse le vote par tranche d’âge, on constate que les Ecossais âgés de 16 à 64 ans ont voté à 54,3% pour l’indépendance. En revanche, les plus de 65 ans ont voté à 73% contre le projet.
La peur et le conservatisme des plus âgés ont constitué un terrain d’action privilégié pour les unionistes. Tous les grands partis britanniques (Conservateurs Tories, Sociaux libéraux du Labour, Libéraux et Populistes de l’UKIP) ont axé leur campagne sur la peur et en particulier sur les menaces supposées relatives aux pensions. Cette stratégie s’est révélée payante. De plus, de nombreuses personnalités écossaises liées aux intérêts financiers ou à des sponsors londoniens ont pesé de tout leurs poids dans la campagne du non. Les conditions historiques n’étaient donc pas réunies pour que l’Ecosse retrouve son indépendance en 2016.
La grande leçon de ce scrutin est que malgré une majorité parlementaire et le soutien de la majeure partie des forces vives du pays, une consultation référendaire n’offre aucune garantie à une nation dominée. Les plus puissants réseaux d’information, c’est-à-dire ceux qui disposent le plus de moyens techniques et financiers, ont obligatoirement une incidence sur le vote. Dans le monde capitaliste, ils sont du côté du pouvoir économique et politique.
En Corse, une telle consultation n’est pas concevable. Les conditions historiques actuelles s’avèrent tellement défavorables au peuple corse que l’issue d’un scrutin sur l’indépendance donnerait une victoire écrasante aux tenants du statu quo colonial. Les régionalistes libéraux locaux se félicitent de la perspective d’une autonomie renforcée promise par Londres aux Ecossais. Cela se comprend fort bien lorsqu’on observe qu’elle correspond effectivement au statut fiscal revendiqué par certains. Pour l’heure rien n’est acquis, nous verrons bien si David Cameron fera plier son opposition interne sur le respect de sa promesse. Reconnaissons qu’on est là bien loin des fondamentaux de la lutte de libération nationale.
Le processus d’autodétermination, en Corse comme ailleurs, implique que nous imposions notre légitimité à la légalité apparente des Etats dominants.
A Manca