Le samedi 5 mars, il y a de cela une semaine, s’est éteint à la Havane le médecin argentin Alberto Granado.
Un médecin de 88 ans décédé, qu’y-a-t-il là de particulièrement notable, me direz-vous ?
C’est que le médecin en question a été un des témoins privilégiés de la naissance d’un mythe révolutionnaire : celui du Che Guevara.
Je m’explique. Il fut le camarade d’université d’Ernesto Guevara avant que celui-ci ne devienne le militant révolutionnaire que l’on sait. Il a assisté à l’éclosion du leader politique sur les chemins de pousssière.
Inséparable de l’étudiant en médecine pas encore happé par l’histoire, de celui qu’il surnommait « fuser », contraction de « furibundo » et de « Serna », nom de famille de la mère d’Ernesto, ce passionné de Rugby, ce copain d’enfance a suivi Guevara dans son voyage initiatique de plusieurs mois à la découverte de ce qu’il appelait son « Amérique majuscule ».
De l’Argentine jusqu’aux mines de Potosi, le chemin est sinueux mais la conscience s’éveille.
Alors que Guevara dira plus tard avoir choisi et préféré à ce moment-là son fusil et ses munitions à sa sacoche de médecin, Alberto est resté dans l’ombre du mythe.
L’ami, le témoin, fervent communiste et internationaliste, ne reste pourtant pas inactif : spécialiste de la lèpre, il rentre à Cuba en 1961, deux ans après la Révolution et y forme des générations de professionnels de santé qui sillonnent l’Afrique et l’Amérique latine, soulageant la souffrance des damnés de la terre.
Le modeste médecin lié par l’Histoire au mythe révolutionnaire qu’il admirait tant a tiré sa révérence.
Mais l’ébranlement de la Méditerranée et du monde arabe, aussi inattendu que porteur des plus beaux printemps -ceux des peuples- nous prouve une fois de plus, s’il est besoin, que le combat continue.
Hasta la victoria siempre !