La manifestation réclamant un processus d’amnistie pour les détenus (déjà jugés ou en attente de jugement) et les recherchés est un succès. Des milliers de personnes se sont données rendez vous de manière calme mais déterminée. C’est là le premier enseignement qu’il faut tirer de ce moment, qui doit être, selon l’appel des organisateurs, suivi d’autres temps de mobilisation.
Il est évident que ce gouvernement, tout au moins dans sa partie la moins hostile, ne peut que tenir compte de l’événement qui vient de se produire. A moins de faire preuve d’une néfaste cécité, il ne peut en aller autrement. À moins encore de vouloir céder à la « paranoïa chevènementiste » dont fait preuve l’ultra chauvin Valls.
La question du rapprochement des prisonniers, et l’on pense particulièrement dans ce cadre, à ceux condamnés pour de très longues peines, doit trouver rapidement un débouché positif par leur transfert au centre de détention de Borgu. Les milliers de personnes présentes sont également en demande de cette disposition. En la matière, la foule mobilisée, ne cède pas au sectarisme et apporte son soutien à l’ensemble des détenus, recherchés, et assignés en résidence. Les organisations politiques du mouvement nationaliste ainsi que les diverses associations qui œuvrent sur le terrain de la solidarité, sont désormais conduites à tirer dans le même sens. Il s’agit bien en effet d’une revendication à caractère démocratique à laquelle nous nous devons tous de répondre. Ce qui ne signifie en rien que nous soyons, dans la diversité des sensibilités, dans l’obligation de donner un blanc seing à la stratégie des courants encore électoralement majoritaires.
Un autre enseignement, et non des moindres, est le fiasco infligé aux agités de la facho-sphère qui n’ont pas pu se livrer à l’opération de publicité qu’ils avaient un temps envisagée. L’histoire politique doit retenir que, si les organisateurs ont refusé de fait une apparition partisane de l’extrême droite, cela tient au refus net de la majorité des membres de l’association Sulidarità, mais également à l’action des militants de la Manca. Nous avons interpellé directement les responsables de l’association Sulidarità, et ce, dès l’annonce par les néo-fascistes d’une apparition spécifique dans le cadre de cette manifestation, en leur signifiant très fermement qu’il était hors de question pour nous, comme pour de très nombreux nationalistes, de défiler en présence des bannières et banderoles de l’extrême droite. Ce dialogue a été fécond, car pour les membres de cette association cette irruption n’était pas permise, sur le fond comme sur la forme. Preuve est donc faite que de nombreux nationalistes ne sont absolument pas disposés à céder aux sirènes de l’extrême-droite, fussent t-elles dissimulées sous un discours pseudo – « libérateur ».
Forts de cette conviction, nous allons poursuivre et amplifier nos interventions auprès de toutes les organisations du mouvement national (Femu a Corsica, Corsica Libera, Ghjuventu Indipendentista, STC et Rinnovu). En effet, il est urgent et vital qu’elles expulsent du nombre de leurs soutiens ceux et celles des néo-fascistes qui s’y abritent encore. Comme il est tout aussi salutaire, qu’elle demande des explications politiques, à ceux et celles de leurs militants signataires de pétitions en défense de membres de l’extrême-droite qui doivent comparaître sous peu devant les tribunaux. Ces comparutions sont, rappelons-le, dues aux torrents d’insultes et menaces de tous ordres proférées sur les réseaux sociaux par ces agitateurs qui s’en sont pris violemment à des responsables de la LDH, sans omettre la xénophobie sous-jacente dont ils sont coutumiers.
Dernier enseignement enfin : il intéresse les lambeaux de cette pseudo gauche moribonde et les « lobbyistes » d’une gauche qui se prétend alternative (Mélenchonistes et consorts). Totalement absents de cette mobilisation, ils ont, pour les premiers accentué leur faillite politique, pour les seconds, reçu une mémorable leçon : rien ne se fera en dehors de la prise en compte de l’existence du peuple corse. Qu’ils continuent en commun de danser devant le buffet tricolore et il est alors certain que l’histoire se fera sans eux. À leurs sympathisants les plus lucides d’en tirer , sans plus tarder, toutes les conclusions qui s’imposent.
A Manca