Au 66ème jour de la grande confusion.
FRONT POPULAIRE où FRONT POPULISTE?
Non, la dérive politique de Michel Onfray ne doit rien à une sénilité précoce. Elle ne doit rien non plus au hasard. Le courant dans lequel il s’embourbe aujourd’hui plonge ses racines au cœur de l’histoire politique de la France.
L’appel à l’union sacrée de toutes les couches sociales de la nation contre l’ennemi, y a été régulièrement lancé. Ce nationalisme exacerbé au besoin, a toujours convoqué les classes populaires au rendez vous de l’histoire, pour fournir les grands bataillons et dans la réalité des faits, pour encore mieux les contrôler. Les classes dominantes sont celles qui ont tiré profit de cette union de façade. Une fois leurs objectifs atteints, celles-ci, ont désarmé la plèbe et l’ont renvoyé à un rôle subalterne.
Les vraies nature et fonction du populisme ne sont pas autres choses que des instruments idéologiques destinés à maintenir un ordre garantissant la pérennité de la domination des classes dominantes en détournant la colère des classes populaires des véritables raisons de leur mécontentement.
Les droites et l’extrême droite donnent dans ce registre, mais l’histoire a vu aussi des courants issus de la gauche se compromettre gravement sur fond de nationalisme cocardier. Les réformistes, faux nez du capitalisme, mais véritables contre révolutionnaires, peuvent s’adonner eux aussi, aux « délices » de l’union sacrée.
Ce nationalisme est à combattre, sans concession aucune, car il n’a rien d’émancipateur et son idéologie ne peut que déboucher sur des régimes hyper-autoritaires, voire clairement dictatoriaux.
Alors oui, mille fois oui, le monde du travail a tout intérêt à exercer la plus grande vigilance sur ce qui se passe dans l’hexagone comme sous d’autres cieux de cette Europe en proie aux pires des tentations. Les Horban, Salvini, Lepen ont ouvert les brèches dans lesquelles s’engouffrent désormais des marionnettes comme Michel Onfray. La concurrence entre tous ces réactionnaires est rude, mais rien ne s’oppose à l’hypothèse d’une conjonction d’intérêt entre ces courants, qui tous sans exception volent aujourd’hui aux secours d’un capitalisme traversé par de nouvelles contradictions.
C’est un Front Populiste que veut forger politiquement Onfray et par un abject abus de langage, il tente de présenter cette entreprise nationaliste sous le couvert d’un Front Populaire. Cette escroquerie intellectuelle mérite d’être dénoncée et plus encore radicalement combattue.
Si vous doutiez encore de la manœuvre en cours, voici les premiers noms et pedigrees de celles et ceux qui saluent l’initiative de ce minable.Entre autres :
– Alain de Benoist, fondateur du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (Grece) – cette structure de la« nouvelle droite » à mi-chemin entre le club de pensée et l’association politique, élitiste, antiégalitaire, antidémocratique, qui a toujours eu pour objectif de réarmer idéologiquement la droite et l’extrême droite, et a fait office d’école de formation, à la fin du XXe siècle.
– Patrick Lusinchi, l’un des dirigeants d’Éléments, la revue de ce courant.
– Yann Vallerie, l’identitaire breton
– Claude Chollet, patron d’un observatoire (d’extrême droite) des médias.
– Robert et Emmanuelle Ménard, respectivement maire de Béziers et députée, chantres de « l’union des droites » .
– Philippe Vardon, ancien du Bloc identitaire, désormais membre du bureau national du Rassemblement national (RN).
Alain de Benoist résume l’accueil bienveillant à droite de la droite : « C’est une initiative excellente. Je trouve seulement que le terme de “souverainistes” est un peu limitatif. J’espère que Front populaire tiendra la promesse contenue dans son titre : qu’il soit un lieu d’échanges pour tous ceux qui regardent la notion de peuple comme plus importante encore que celle d’État ou de nation. ». Même attente concernée du côté de l’identitaire Philippe Vardon, candidat du parti lepéniste aux municipales à Nice : « J’ai trouvé l’initiative intéressante, alors j’ai mis 30 ou 50 euros. Si ça peut participer à décloisonner le débat, c’est très bien. ».
Près de vingt ans après avoir lancé l’Université populaire de Caen pour contrer les idées de Jean-Marie Le Pen, Michel Onfray se voit même adoubé par son héritière, Marine Le Pen, laquelle est allée jusqu’à écrire un Tweet félicitant une « initiative (…) positive » qui « ne peut que [la] réjouir ». Un hommage parmi d’autres, se défend le philosophe, qui prend soin de se détacher des figures des partis. « Il y a plus de seize mille personnes qui saluent [le lancement de Front populaire], elle en fait partie, très bien, déclarait Michel Onfray sur Sud Radio, le 17 mai.
Une ordure de plus aux poubelles de l’histoire.
Salut et Fraternité
Vandepoorte Serge. Militant Manca.