Nos moyens de lutte sanitaire dépendent aujourd’hui en grande partie de certaines multinationales parmi lesquelles les grands laboratoires pharmaceutiques. En 2020 les dix premiers acteurs de ce secteur ( Johnson & Johnson, Roche, Novartis, Merck & Co, Pfizer, GSK , Bristol-Myers Squibb, Sanofi, AbbVie et Astra-Zeneca ) pèsent 489 milliards de dollars. On comprend que ces Capitalistes tiennent à leurs part de marchés juteuses.
Récemment le laboratoire SANOFI (42 milliards de C.A en 2020) a défrayé la chronique quant-aux modalités de distribution d’un éventuel vaccin contre le COVID-19. Tout d’abord le CEO de la firme, Paul Hudson, a bien déclaré que le marché américain serait prioritaire, mais devant le tollé suscité, son représentant français, Olivier Bogillot a effectué un rétro-pédalage médiatique piteux. A la question de la gratuité d’accès à ce vaccin, il a opposé une fin de non recevoir en évoquant le coût de la recherche pour élaborer le vaccin en question. On est bien loin des envolées lyriques de Macron qui déclarait le temps d’une soirée : « Que la Santé doit être au dessus des marchés ».
Quoi qu’il en soit, l’argumentaire des Capitalistes de SANOFI ne tient pas, et pour au moins deux raisons. D’une part SANOFI bénéficie au titre du CIR (crédit d’impôt recherche) d’un crédit d’impôt annuel de 150 millions d’euros ! Ce qui sur 10 ans représente un manque à gagner de 1,5 milliard au niveau fiscal. Au CIR s’ajoute le Crédit d’impôt Compétitivité (CICE) qui de 13 millions en 2013 est passé à 24 millions en 2018 !
D’autre part, la santé financière de SANOFI est excellente, le groupe ayant dégagé 24 milliards de marge brute en 2018, en privilégiant les actionnaires aux détriment de l’emploi. Le groupe BlackRock qui détient 6 % du capital de SANOFI n’est d’ailleurs pas étranger à cette stratégie. La recherche de vaccins représente moins de 15 % de l’activité du groupe, à contrario les frais commerciaux pour le marketing représentent 28,6 % du chiffre d’affaire !
Dans ce contexte de pandémie mondiale l’activité concurrentielle habituelle de ces laboratoires a un caractère profondément immoral et indécent, surtout au regard de l’argent public dont ils disposent, notre argent. Mais plus fondamentalement se pose la question de la pertinence de l’existence de ces firmes parasites qui décident de l’accès aux traitements et de leurs coûts, disposant ainsi d’un droit commercial de vie et de mort sur de nombreux patients dans le Monde.
Le dernier argument de ces Capitalistes serait que la concurrence entre laboratoires privés stimulerait la compétition entre chercheurs et que la recherche publique ne dispose pas de la même capacité d’investissement. C’est tout simplement sans fondement. Si les cadeaux fiscaux à ces firmes étaient consacrés au budget de la recherche publique, cette dernière serait ultra-compétitive. D’autres part, sur le plan de la créativité et de la motivation, il existe de très nombreuses techniques pour stimuler et encourager des équipes de recherche, surtout au vue des derniers progrès en pédagogie collaborative.
Dans le Monde d’après il faudrait mettre un terme à leur activité parasitaire et placer la recherche médicale et pharmaceutique, ainsi que la production de médicaments, dans le giron public. Cela coûterait nettement moins cher aux contribuables et aux patients. Plus que jamais notre santé vaut mieux que leurs profits.
A Manca