Le 27 janvier 2020 le National Association of Counties (NACo) et le National Sheriffs’ Association (NSA) ont fait parvenir à la Maison Blanche un rapport conjoint émanant de leur « Task Force Covid-19 ». Celui-ci mettait en garde contre les conséquences de l’épidémie de Coronavirus si aucune mesure de protection des populations n’était prise. Ce rapport estimait le bilan humain à entre 1,2 et 2 millions de morts et le coût économique à 3 800 milliards. Trump n’en a absolument pas tenu compte et de précieuses semaines ont été perdues. Et quand la courbe des victimes a commencé à s’emballer, son unique discours a consister à dire que « Le remède ne pouvait pas être pire que le mal ». Pour lui, les profits sont plus importants que les êtres humains, un mot d’ordre peu surprenant dans la mère patrie du Capitalisme débridé.
FACE A LA CRISE LES CAPITALISTES SE DEVOILENT
Entre le 12 et le 15 mars Trump a autorisé la Réserve Fédérale à prêter 2 200 milliards de dollars d’argent public sous forme de prêts d’urgence. Ce sont les plus grandes banques américaines qui ont largement profité de cette manne.
Cette mesure a fait hurler le sénateur socialiste Bernie Sanders qui a évoqué tout ce qui aurait pu être fait pour venir en aide aux millions de victimes américaines jetées dans la précarité, en terme d’accès aux soins et d’aides sociales d’urgence. Le congrès américain a octroyé durant la même période 150 millions de dollars pour les hôpitaux, les banques alimentaires et services publics d’urgence (soit 0,46 dollar par américain).
Fin mars, alors que la Bourse sur les valeurs industrielles faisait un bond de 30%, 20 000 américains étaient déjà morts du Covid-19.
Il y a maintenant officiellement 17 millions de chômeur(e)s, soit plus que le pic de la grande récession précédente due à la crise des surprimes (14,7 millions en juin 2009). Ceux qui perdent leur emploi perdent généralement aussi leur assurance maladie. De nombreux chômeurs n’ont rien à manger et se sont tournés vers les banques alimentaires. Dans tout le pays, il y a des files de voitures longues de plusieurs kilomètres où des familles désespérées attendent pour obtenir une ou deux boîtes d’épicerie. L’injustice et l’inhumanité de ces choix budgétaires, la distorsion gigantesque de moyens financiers octroyés entre la finance et la protection sanitaire et sociale, n’ont pas échappé à de très nombreux américains.
COLERE SOCIALE ET RADICALISATION DE CLASSE
Sur les réseaux sociaux des regroupements comme #NotDying4WallStreet ou #GenerationStrike ont vu leur fréquentation exploser. Mais indépendamment de cette agitation virtuelle c’est une lame de fond bien réelle qui agite la classe ouvrière américaine. Alors que certains patrons forcent leurs employés à travailler sans protections, les grèves sauvages se multiplient (73 recensées dans tous le pays). Même les géants Amazon, McDonalds, General Electric et Uber n’ont pas été épargnés par ces mouvements sociaux. Du jamais vu depuis les grèves dans l’automobile et la sidérurgie dans les années 80.
Dans le système de Santé aussi les personnels soignants sont mobilisés, tout en continuant à assurer les soins. Ils sont en première ligne, mais il faut savoir que si ils sont contaminés par le Covid-19, leur assurance santé ne les couvrira que très partiellement.
A la fuite en avant capitaliste de Trump, de plus en plus de travailleurs américains semblent opposer une radicalisation de classe avec des slogans en direction du public ; « Si nous ne sommes pas protégés, vous ne le serez pas non plus », « Il n’y aura plus d’économie si nous mourrons ». Mais les revendications dépassent largement le cadre de simples demandes de moyens de protection pour exprimer une remise en cause profonde du Libéralisme Économique.
Toute la gauche américaine, du parti Socialiste de Bernie Sanders aux organisations Libertaires, en passant par les plate formes citoyennes Anticapitalistes, demandent la nationalisation complète du système de santé et la nationalisation de toutes les firmes capitalistes ayant bénéficier d’aide publiques (dont Amazon), et ce pour stabiliser l’économie en sortie de crise pandémique. Nous ne pouvons que collectivement être solidaires de ce mouvement de fond.
Les évangélistes, distillant leurs prêches obscurantistes et indécents, arrivent à détourner une partie de la colère anti-Trump, y compris chez des populations pauvres qui sont les plus exposées. Par ailleurs, les tensions raciales exacerbées par l’extrême droite américaine connaissent un regain d’activité. La crise est loin d’être finie et l’irresponsabilité criminelle de Trump risque de plonger la population nord américaine dans une période de tensions multiples sur fond de risque d’effondrement des marchés. Durant cette période la situation politique de la première puissance militaire mondiale demande de notre part une vigilance égale à ce qui peut se passer en Europe et en Méditerranée.
A Manca