Au mois de février 2010 un élu de la CAPA, en charge de la question des déchets, claironnait dans les colonnes de Corse-Matin : « Actuellement, grâce à la mise en balles des déchets, le Leucophée a beaucoup moins de nourriture et l’on observe d’ailleurs un changement dans son comportement. Mais nous devons aller plus loin et un abattage massif de 400 couples sur les 1 000 que compte le site de Saint-Antoine est prévu. Cette décision a a reçu un avis favorable de l’ensemble des services de l’Etat concernés ».
Dix années plus tard, et après l’engloutissement de millions d’euros destinés à la réhabilitation du site (5,4 millions), les goélands de l’espèce Leucophée pullulent en compagnie de mouches qui envahissent le site et tous ses abords, dont le centre hospitalier de Castellucciu. Les insectes colonisent littéralement l’hôpital, au point que les services techniques de l’établissement ont procédé à la distribution de cartons de papier tue-mouche afin de juguler l’envahissement de tous les locaux, y compris ceux où les risques sanitaires pourraient survenir.
La cause de ce phénomène est identifiée. Les milliers de ballots de déchets qui sont stockés à ciel ouvert dans la décharge de St Antoine sont recouverts d’un emballage plastifié qui ne résiste pas aux becs acérés des goélands. Une fois crevés les emballages laissent les ordures accessibles à ces oiseaux et aux insectes tels que les mouches qui trouvent là un environnement propice à leur reproduction massive.
L’insecte concerné est La mouche domestique (Musca domestica) qui se nourri de matières organiques sur lesquelles elles se posent. C’est ainsi qu’elles véhiculent des agents pathogènes, plus précisément des bactéries qu’elles déposent sur les aliments. Ainsi staphylocoque, streptocoque ou salmonelle responsables de divers maladies (gastro-intestinales, salmonellose, ect…) peuvent se répandre dans les hôpitaux et ailleurs. Le risque sanitaire est donc réel.
Et nous ne sommes qu’au mois de février. Qu’en sera t-il à la saison chaude, où le volume stocké, tourisme aidant, sera de surcroît plus important ?
Pendant que les patients d’un hôpital subissent les premières gènes (en espérant pour eux que d’autres risques plus préoccupants ne se manifestent), la campagne des municipales bat son plein, sans qu’aucun des postulants ne semblent être au fait de cette situation. Pas tous cependant, car il est fort probable que la Mairie d’Aiacciu ne soit pas tenue dans l’ignorance, dans la mesure où les services de l’Agence Régionale de Santé communiquent sur cette question.
Une action ponctuelle est encore attendue, alors que le phénomène dure depuis des semaines. Elle est impérative, mais ce n’est pas d’une rustine dont les populations ont besoin. C’est toute la chaîne du traitement des déchets qui doit être radicalement revue, en amont et en aval, à la condition toutefois que les considérations économiques et mercantiles ne l’emportent pas sur les exigences sanitaires et environnementales. Le transports des déchets ou l’incinération est un marché juteux pour les capitalistes locaux uniquement centrés sur leurs profits.
Sur ce dossier, A Manca ne peut que souscrire aux solutions préconisées par l’associu Zeru Frazu, à savoir : Réduction (suremballage, sur importations), tri à la source, compostage, promotion d’une économie du recyclage et mise en place d’une redevance incitative pour les professionnels (fiscalité avantageuse) et les particuliers (consigne, fiscalité avantageuse).
Les enseignes de la grande distribution doivent être responsables des produits qu’ils conçoivent et qu’ils vendent, et la valorisation de circuits courts au bénéfices des producteurs locaux est aussi un axe majeur de lutte contre l’importation de futur déchets. Là où se conjugue volonté politique et mobilisation populaire, tout est possible
A Manca