À quelques jours de l’élection présidentielle, organisée par le pouvoir en place le 12 décembre, élection reportée par deux fois déjà, depuis le début du Hirak et qui voit cette fois-ci 5 candidats fantoches s’affronter,- tous issus du système en place et rejetés massivement par le peuple algérien-, la mobilisation s’intensifie.
Vendredi 6 décembre ont eu lieu les dernières manifestations avant le scrutin, parmi les plus massives depuis le début du Hirak.
Rejetant les 5 candidatures issues du système, de véritables marées humaines ont envahi les centres villes du pays en scandant « Pas de marche arrière, Makach Vote! » (pas de vote) .
Depuis le début du mouvement le 22 février, et malgré le départ de Bouteflika, obtenu le 2 avril, les manifestants réclament sans relâche une période de transition et une réforme profonde et structurelle du système politique et économique actuel.
Un appel à la grève générale, à partir du 8 décembre et jusqu’au 12, a été lancé spontanément depuis les réseaux sociaux et contrairement aux précédents,
issus d’organisations politiques, il semble devoir être particulièrement suivi.
C’est ce qui a forcé le général «Gael Salah» à sortir du silence dans lequel il se « terrait » depuis le début du mouvement pour qualifier l’élection controversée, qu’il organise, de cruciale et importante.
De son côté, le ministre de l’Intérieur a qualifié les manifestants de traîtres mercenaires et … d’homosexuels.
La répression s’intensifie à l’approche du scrutin, ce qui démontre la fébrilité du régime.
Entre cent et trois cents prisonniers pour délit d’opinion sont toujours recensés selon les sources.
(bilan officieux des ONG sur place, le régime ne communiquant pas).
Ils annoncent collectivement entamer une grève de la faim à partir du 10 décembre.
Encore très récemment, le 12 Novembre, 28 personnes ont été condamnées à de la prison ferme pour possession du drapeau Amazigh (Berbère) symbole du Hirak et considéré par le pouvoir comme portant «atteinte» à l’unité du pays.
Pour tenter de légitimer cette élection, le pouvoir en est réduit, avec les médias à sa botte, à faire de la désinformation.
Il organise des marches de soutien qui seraient, dit -il ,«plus soutenues que le Hirak».
Malheureusement pour lui, nous sommes en 2019 et les images circulent.Elles montrent une poignée de marcheurs filmés en gros plan et prouvent le contraire.
Ces tentatives pour déstabiliser le Hirak échouant lamentablement. Elles font l’objet de raillerie dans tout le pays.
En France, depuis samedi, les expatriés algériens peuvent voter.
Alors que traditionnellement, les diasporas des pays du Maghreb votent pour les régimes en place, concernant l’Algérie cette année, les choses ont bien changé.
Des manifestations ont lieu devant les consulats algériens pour dénoncer cette élection et les rares votants sont filmés et qualifiés de traîtres. Les tensions sont palpables.
Le véritable et unique enjeu de ce scrutin s’avère donc le taux de participation. Il devrait d’après de nombreux observateurs sur place être un des plus bas de l’histoire du pays.
Quel que soit le vainqueur, issu de cette classe politique discréditée, il n’aura aucune légitimité .
Le général Salah souhaitait avec ces présidentielles mettre un point final aux mobilisations.
Il n’aura réussi qu’à remobiliser le peuple algérien en lutte depuis de longs mois et à apporter un nouveau souffle au Hirak.
P.Angelini/A Manca