Trois pays, trois sociétés, trois histoires différentes et cependant de fortes similitudes. Un fil invisible et pourtant très présent relie ces pays et ces peuples : c’est la colère. Cette colère plonge ses racines dans un contexte social marqué par de profondes inégalités et une corruption endémique.
Face à ces contestations, deux des gouvernements concernés, ceux d’Irak et du Chili optent pour la manière forte en faisant tirer sur les foules et en procédant à des milliers d’arrestations.
Au Liban, ce sont les milices du Hezbollah (liées au gouvernement théocratique iranien) qui se livrent aux basses besognes en tentant d’intimider la contestation par leur propagande et au besoin par les menaces et autres agressions physiques.
Et c’est ainsi que la droite au pouvoir au Chili, les marionnettes de l’impérialisme US en Irak et le Hezbollah au Liban se font les gardiens du capitalisme et des classes sociales qui en tirent un maximum de profits.
Les réseaux sociaux, catalyseurs de la lutte
Mais a y regarder de plus près, tous ces mouvements de contestations ont également une caractéristique commune. Ils ne sont pas déclenchés et organisés par des organisations syndicales ou des partis politiques représentants des classes laborieuses.
En leur lieu et place, ce sont les réseaux sociaux qui font office de catalyseurs, sans qu’une direction guide ou incarne encore pour l’heure ces mouvements de colère.
Ce phénomène déjà constaté en France avec l’irruption des Gilets Jaunes, inquiète et rassure tout à la fois les gouvernants et leurs appareils d’Etat.
Il inquiète car ce qu’on appelle communément les corps intermédiaires sont soit inexistants, soit éradiqués, ignorés et marginalisés par les pouvoirs en place- quand ils ne sont pas décrédibilisés aux yeux des classes populaires par leur absence de volonté en termes de contestation réelle, de l’ordre néo-libéral-.
Les Etats concernés et leurs gouvernements sont cependant relativement rassurés par l’absence de forces organisées susceptibles de leur contester le pouvoir.
Un impératif pour les classes populaires : se doter de ses propres outils politiques
L’histoire de la lutte des classes est têtue.
Si les classes sociales dominées ne se dotent pas de leurs propres outils politiques, et si plus encore et au-delà, elles ne s’engagent pas sur le chemin d’un renversement radical des rapports de force, alors peuvent-elles soit subir de sanglantes défaites, soit arracher quelques progrès sociaux, lesquels seront immanquablement remis en cause dans le temps.
Les centaines de milliers de jeunes femmes et hommes (car ce sont majoritairement eux qui ravivent les contestations) qui se sont engagées dans ces combats vont sans nul doute, et quelques soient les issues dans les pays respectifs, tirer des enseignements et se forger une plus grande conscience politique. Encore plus bien entendu, s’ils arrachent aux pouvoirs en place des avancées significatives, peuvent-ils prendre la mesure de la force et de la portée de leurs actions, et donc de prendre confiance en leurs propres potentialités.
Pas de mécanique révolutionnaire immanquable
Pour autant, la lutte de classes ne débouche pas mécaniquement sur des crises révolutionnaires.
Il faut que les expériences des luttes soient accumulées et que l’ennemi soit clairement identifié, lui et cette idéologie qui, sans se dire en tant que telle, obscurcit bien des esprits.
Cette condition n’est pas la moindre au cœur des enjeux.
C’est là que l’internationalisme prend toute sa place.
Travailler à une contestation intercontinentale
Il ne faut pas s’y tromper : il est plus que vital que s’amorce une contestation intercontinentale face à la globalisation capitaliste, afin d’éviter les isolements et leurs inévitables conséquences.
C’est l’autre condition nécessaire à la maturation des mouvements.
Le problème est de taille car au cœur des sociétés, là où le mouvement ouvrier fut puissant, ne subsistent que des pans épars d’ organisations révolutionnaires.
Ce sont pour l’heure encore des mouvements fascisants et/ou populistes qui engrangent toute une partie de la colère des classes laborieuses.
L’affaiblissement des potentialités sous les coups des fascismes et des fondamentalismes
Le racisme et la xénophobie divisent le monde du travail et en affaiblissent considérablement les potentialités. Les nationalismes chauvins reprennent de la vigueur. Et les instruments d’informations sont quasiment tous aux mains de propriétaires privés ou corsetés par les appareils d’Etat
De plus, des fondamentalistes religieux de toutes obédiences, se présentent comme autant de recours, ce qui n’est que pure tromperie, tant ils sont assujettis au « modèle de l’économie de marché ».
Sans une claire vision de ces maux, nous qui ne vivons pas sous des dictatures ni dans les affres de conflits armés -et qui tendons à des changements réels-, nous toutes et tous, pouvons nous condamner à l’impuissance ou à des échecs cuisants.
La construction tenace et patiente d’une force politique réunissant les premiers éléments conscients des enjeux ne relève donc pas d’une lubie mais d’une impérieuse nécessité.
L’obstacle du crypto stalinisme et de la social-démocratie
Encore faut-il que les leçons de l’histoire de la lutte des classes soient globalement tirées.
Ne nous cachons pas le fait que quelques avatars barrent encore ce chemin.
Ils se nomment social- démocratie et crypto stalinisme, deux tendances mortifères qui ont conduit les masses là où elles en sont ; quasi totalement désarmées face au néo libéralisme.
Sûrement est-il tout autant nécessaire que les chapelles en « iste » qui végètent à la gauche de la gauche, se départissent de leur sectarisme et de leur immaturité politique.
Il ne s’agit pas de castrer ni de censurer les débats, mais de ne pas camper sur des postures irresponsables en confondant des fantasmes de sectes avec les nécessités de la lutte des classes.
Notre mouvement n’est pas à l’abri de ces tentations.
En regardant par-dessus nos épaules, ayons la capacité et l’humilité de constater que d’autres, bien plus mal lotis, s’engagent dans des luttes et ce partout dans le monde.
L’internationalisme a aussi cette fonction.
A manca