Les graves événements qui agitent la commune de Tavera sont-ils les signes avant-coureurs de nouvelles tensions au sein du mouvement national ?
Dans l’état actuel des informations que nous avons pu recueillir, l’objet des profondes fractures qui oppose des protagonistes locaux concerne l’usage et la destination d’une piste reliant le col de la Scalella à trois estives de bergers, le Verdanese, i Purcilelli è u Puzzolu.
A priori, tous les protagonistes s’accordent à conserver à ces lieux leur usage originel, celui d’espaces dédiés à l’activité pastorale. Dès lors, une solution garante de ces intérêts primordiaux pourrait aisément se trouver. Si la piste peut permettre un accès plus aisé aux lieux d’estive, sa remise en état ne peut aucunement poser problème à l’ensemble des protagonistes.
La véritable question qui sous-tend cette problématique est celle de la terre, de sa maîtrise et de son usage et d’un mode de développement économique au service des populations de notre pays.
Avec la colossale pression d’une industrie touristique toujours plus avide, nos espaces naturels (mer et montagne) sont gravement menacés. Les exemples de dévoiement des espaces et des bâtis situés dans les zones de moyenne et haute montagne, sont là pour attester que le monde pastoral pourrait être exclu à terme de ces lieux.
Au prétexte d’une activité dite « d’agro-tourisme », des personnes ou des groupement d’intérêts ont déjà orienté leurs activités sur la recherche de plus-values dans la réalité peu soucieuses du devenir agropastoral. C’est ainsi que fleurissent des paillotes et des activités locatives dont on a grand mal à percevoir autre chose que leur imbrication dans un tourisme prédateur.
Face à cela, la partie saine du monde des éleveurs, bergers et paysans, oppose des savoirs faire, des labels garantissant les origines et la qualité des produits et peut être plus encore des modes d’exercice et de vie alternatifs au système actuel.
Ce sont leurs pratiques et leurs engagements qu’il nous faut soutenir car ils tendent à remettre l’Homme en phase avec les espaces naturels.
Les travailleurs de la terre ne peuvent en aucun cas être pris en otage par des projets qui n’ont strictement rien à voir avec la défense de notre pays et de ses véritables intérêts fondamentaux.
Comme les espaces littoraux, les espaces de montagne doivent rester ou redevenir les espaces collectifs du peuple corse. Tout autre vision s’oppose dans les faits à des conditions de vie acceptables.
Longtemps abusés par des discours en totale discordance avec les actes, les femmes et les hommes de notre pays ont massivement investi leurs espoirs dans le mouvement national, toutes tendances confondues. Cela nous confère des responsabilités majeures et en particulier à ceux portés par les urnes aux commandes de la Collectivité unique.
Ces espoirs doivent être respectés, faute de quoi le fatalisme et le découragement feront des ravages au sein de ce peuple corse dont le mouvement national se revendique.
Les ambitions individuelles sont légitimes dans la mesure où elles ne portent pas atteintes au bien commun. Lorsque c’est le cas, elles doivent être dénoncées pour ce qu’elles sont : des complicités objectives à ce système qui ruine notre pays.
Seule la conscience collective peut faire barrage à cette entreprise de démembrement que le tout tourisme de l’heure met en actes.
Plus que jamais, les projets de société promus par le mouvement national doivent être clarifiés et portés à la connaissance de toutes et de tous. La démocratie participative étant à ce titre un des moyens de cette maîtrise collective, qui seule, peut mettre en échec le dépeçage de notre pays.
A Manca