Madame Gourault, présentée par les médias comme « Madame Corse » s’est révélée, a contrario de cette désignation hasardeuse, comme une « Madame France » et c’est bien ainsi qu’elle s’est exprimée. La voix qu’elle a fait entendre lors de sa visite est bien celle d’un Etat, qui au-delà des changements de gouvernements, demeure hostile aux revendications du peuple corse, fussent-elles exprimées avec modération.
En se refusant d’emblée à admettre la co- officialité et le principe d’une amnistie, la plénipotentiaire d’Emmanuel Macron signifie clairement que le résultat des dernières élections n’est pas pris en compte par celui-ci. Ce déni de démocratie n’est pas sans rappeler celui perpétré par le gouvernement espagnol au lendemain des élections du 21 décembre en Catalogne.
Mais Madame Gourault ne s’est pas contentée d’opposer un « niet » cinglant aux représentants de l’actuelle majorité régionale. Elle a, sans aucune ambiguïté, envisagé que soient adaptées les règles en matière d’urbanisme et de gestion du foncier. En cela, elle rejoint les propositions de Camille de Rocca-Serra, lequel envisageait il y a peu, de « désanctuariser » le littoral, en d’autres termes de mettre définitivement en pièces la loi « Littoral ».
C’est un signal fort qui vient d’être envoyé aux spéculateurs et à leurs associés. Il s’agit en effet d’offrir sur un plateau aux 10% environ des Corses tirant de juteux profits du tout-tourisme des perspectives d’enrichissement exponentielles en même temps que d’imposer au reste de la population que forment les classes populaires la précarité de masse via la saisonnalité comme seul débouché professionnel. Cela signifie que l’actuel gouvernement envisage de faire subir à notre pays une cure de libéralisme totalement débridé. En tentant de faire miroiter l’illusoire projet d’un développement économique sous ce régime, ce gouvernement s’inscrit pleinement dans les conceptions qui dominent actuellement au sein de la communauté européenne.
Le rapport de force qui seul, peut permettre de faire barrage à ces visées, doit se construire en s’appuyant bien entendu sur le résultat des dernières élections. Mais cela ne peut suffir pas. À toutes celles et ceux qui exigent que leurs voix soient entendues de se mobiliser publiquement et dans la rue.
Aucune négociation ne trouve d’issue positive sans la construction de ce rapport de force. C’est là le sens de l’appel que nous lançons ce jour.
A Manca