« Pour la personne, de l’anglais caddy, lui-même dérivé de l’occitan gascon capdèth, « dernier-né », comme le français cadet, les Britanniques louaient de jeunes Béarnais lorsqu’ils étaient en villégiature à Pau, particulièrement pour le golf. Antonomase du nom de marque Caddie (marque déposée) pour le chariot de supermarché ou le panier à roulettes. La marque étant déposée, l’utilisation de ces sens génériques dans des journaux a déjà donné lieu à des condamnations par les tribunaux français ». (source Wikitionnaire)
La récente inauguration d’une grande surface de la distribution génère bien des émois et prend désormais une dimension politique. C’est principalement au sein des rangs nationalistes que les débats sur ce sujet voient le jour et ce à quelques encablures de la prochaine consultation électorale.
Premier constat : le chariot des hyper-marchés bouscule les champs économiques, sociaux et politiques. Les 2000 personnes massées devant les portes de la nouvelle grande surface de la banlieue d’Aiacciu, elles, se sont d’ors et déjà prononcées en faveur de ce temple de la consommation. En cela cette foule du premier jour sera suivie immanquablement par des milliers de personnes déjà acquises depuis longtemps au shopping « made in grandes surfaces ». Car l’irruption des super/hyper marchés en Corse ne date pas de la semaine passée et le consommateur s’est familiarisé depuis des décennies avec ces lieux. Ce n’est donc pas l’existence de ces surfaces qui inquiète aussi bien les représentants du commerce dit de proximité que des représentants politiques. C’est leurs dimensions et leur nombre. Le problème immédiat posé aux tenants du nationalisme tient en un mot : contradiction.
En effet comment se concilier les faveurs des commerçants sans s’opposer aux grandes enseignes qui créent des emplois ? Le chef de l’actuelle majorité à l’assemblée s’est lui positionné : ostensiblement il s’est montré bien présent lors de l’inauguration du nouvel hyper-marché et dans un second temps a tenu réunion avec les représentants du commerce de proximité de la ville d’Aiacciu.
En assumant encore un peu plus ses visions libérales en matière d’économie, le président de l’exécutif est-il cohérent et donc crédible lorsqu’il se prononce ainsi en faveur et en soutien de logiques commerciales aux intérêts difficilement compatibles ?
L’économie de marché a ses lois dont la principale se nomme, loi du profit. Le libéralisme a un credo : la libre entreprise. C’est sur ces deux piliers « conceptuels » que se fonde un système : le capitalisme. La Corse avec un temps de décalage entre donc de plain pied dans cet univers et la globalisation économique se matérialise par ce phénomène, lui même en lien avec l’industrie du tourisme. Alors mieux vaut dire la vérité à cette partie de la petite bourgeoisie qui manifeste son inquiétude : massivement des commerces vont disparaître car les logiques de la concurrence ne s’embarrassent pas de sentiments.
Alors y a t-il deux tendances opposées qui s’expriment désormais au sein du capitalisme ? Surement et les soubresauts politiques de la période en témoignent. Le capitalisme qui s’est développé au sein des états-nations a opéré une gigantesque mutation qui fait de la planète un seul et unique marché.
Les forces qui animent cette tendance du capitalisme n’ont quasiment pas d’opposition extérieure car les tentatives de résistance qui sporadiquement se font jour sont émiettées, désarticulées et sans boussole depuis la faillite du système stalinien et la déroute de la « gauche » social démocrate.
C’est donc à l’intérieur de ses frontières que le capitalisme doit principalement gérer des contradictions qui mettent aux prises les petites bourgeoisies et les couches supérieures des hyper-bourgeoisies. Ces tensions s’expriment notamment lors des consultations électorales en expliquant pour partie la montée de l’extrême droite. En Europe le phénomène intéresse d’abord les états anciennement rangés dans le bloc de l’ouest et gagne les anciennes républiques antérieurement sous domination bureaucratique d’essence stalinienne. Ce sont de larges fractions de la petite bourgeoisie qui animent ces courants en Europe de l’ouest (ce en tentant de s’allier le soutien du monde du travail ).
Les mouvements d’extrême droite ont trouvé là un terreau fertile sur lesquels ils greffent les thèmes de la xénophobie et du nationalisme dans sa version la plus réactionnaire.
C’est très précisément ce débat non encore abouti qui s’amorce au sein du nationalisme corse. Pour preuve la réaction d’une des fractions de celui-ci, laquelle se dressant vent debout contre la création de nouvelles grandes surfaces, use pour se faire d’arguments très connotés. Cette fraction en s’érigeant en défense du petit commerce dénonce le capitalisme « apatride » et l’importation d’employés allogènes, tout en se voulant défendre les intérêts des travailleurs corses.
Cette vision politique porte un nom : le national socialisme dont Benito Mussolini fut en son temps le précurseur. L’ethnisisation des revendications en œuvre depuis quelques années commence de trouver à l’occasion une expression politique qui ne peut que conforter la facho-sphère qui s’agite aux frontières du camp nationaliste.
Face à cette tendance l’actuelle majorité nationaliste semble maintenir une certaine cohésion interne.Mais par la composition sociologique de ses directions , elle ne pourra éviter très longtemps les fractures occasionnées par un mode de développement soumis aux exigences de la mondialisation.
Dans ce début de maelström le monde du travail est atomisé et aucune force digne de ce nom n’est encore parvenue à agréger ses énergies. Pour l’heure encore, nulle alternative au système capitalisme n’est apparue.
Le caddie n’a pas de frontières et ce n’est pas là le reproche à lui adresser. Ce qu’il véhicule ne se résume pas à quelques biens où à quelques denrées. Il est le symbole d’un mode de développement qui ne considère l’homme que et uniquement qu’en tant que consommateur. En cela le petit commerce en voie d’extinction s’est -il différencié ?
Pour les travailleurs ce débat entre les tenants du libéralisme n’a aucun intérêt, pire encore il peut entraîner les couches populaires dans un affrontement qui ne les concerne pas.
A bon entendeur salut.
Merci de votre attention.
Cumitatu Manca Aiacciu.