Dans le bras de fer qui l’oppose au peuple catalan, le gouvernement de Madrid vient de marquer un point. La formidable pression exercée avec l’aide de ses complices apporte son premier effet : le président de la Generalitat de Catalunya en déclarant un gel du processus de déclaration de l’indépendance a opéré un recul qui fracture le camp des indépendantistes sans pour autant influer sur la position du pouvoir espagnol.
Mais c’est ce dernier qui devra assumer l’écrasante responsabilité des tensions qui s’annoncent. Un chantage patent s’est exercé durant la semaine écoulée au détriment des droits démocratiques des Catalans. Ce sont les milieux des banques et de la finance qui ont tiré la première salve en annonçant le départ de leurs sièges sociaux. Les représentants de l’Union européenne ont enfoncé le clou en réaffirmant deux points qui leur tiennent à coeur : d’abord leur soutien au gouvernement espagnol, afin disent-ils, de « sauvegarder l’intégrité de son territoire, de son économie et de ses acquis démocratiques… ». Ils ont également repris le discours de Madrid en soulignant l’illégalité du scrutin organisé par le gouvernement autonome de Catalunya. Le président de la République française n’a pas négligé non plus d’apporter son « indéfectible soutien au gouvernement espagnol ». Si Carles Puigdemont et ses amis de la bourgeoisie catalane entretiennent encore après cela l’illusion d’une Europe garantissant la liberté des peuples, c’est soit qu’ils sont atteints de surdité, soit qu’ils s’avèrent depuis longtemps disposés à se contenter de prérogatives étendues dans le cadre du statut d’autonomie, tout en restant toutefois sous la tutelle espagnole. Il n’est pas impossible, loin s’en faut, que les représentants des petites et grandes bourgeoisies catalanes revoient leurs prétentions à la baisse pour peu qu’ils obtiennent de nouveaux avantages, principalement en matière de fiscalité.
Dans ce contexte trouble, la capacité d’intervention des classes populaires catalanes est décisive. Les nationalistes de gauche qui apportaient jusqu’alors leur soutien (critique), au gouvernement actuel de la Catalunya semblent fermes sur leur position en exigeant une déclaration d’indépendance. Restent à venir les positions du champ syndical catalan et des organisations de jeunesses indépendantistes.
Pour que toutes celles et ceux qui se refusent à abdiquer devant les prétentions du pouvoir espagnol puissent surmonter l’épreuve, plusieurs conditions doivent être réunies : le soutien massif des travailleurs et la solidarité internationale. C’est sur ce dernier point que nous appelons la jeunesse et les travailleurs de notre pays à s’engager aux côtés du peuple catalan. Ces soutiens doivent se concrétiser sans plus tarder en organisant la prise de parole des indépendantistes de Catalunya.
L’étau médiatique mis en place par le pouvoir français (et, au-delà européen) doit être desserré. Depuis des semaines les radios et télévisions françaises se livrent à une propagande uniquement destinée à décrédibiliser le droit à l’indépendance des Catalans. Il nous faut donc contre- balancer cet état de chose en recherchant et en diffusant des informations et des analyses plus proches de la réalité et des volontés de ce peuple résistant de longue date. C’est-à-dire qu’il nous faut apporter un contre- point authentiquement démocratique à des propos de propagandistes qui se prétendent journalistes.
La victoire du peuple catalan peut ouvrir pour d’autres peuples des perspectives d’émancipation. C’est là en Corse, comme en Sardaigne, en Euskady et en Ecosse que le souffle de cette liberté est à même de se ressentir encore davantage.
A Manca