Les tenants de l’actuelle majorité à l’Assemblée de Corse ne demandaient pas l’impossible. Et de fait ils ne l’ont pas eu. Hollande, en fin de mandat présidentiel, aurait pu prendre des risques politiques en accédant à deux des principales revendications exprimées par Femu a Corsica et Corsica Libera : Le statut officiel de la langue corse et un statut fiscal spécifique.
Même en considérant les farouches oppositions de la quasi totalité de la classe politique française, ces deux points, une fois passées quelques petites agitations, pouvaient être adoptés. D’autant que le président sortant n’ayant plus le souci d’une future campagne, le prix à payer n’aurait pas eu de conséquences sur sa carrière politique.
Si Hollande n’a pas été plus loin, une fois quasiment apuré le déficit budgétaire de la CTC, l’instauration de la collectivité unique et les mesures prises à l’égard de certains emprisonnés et militants en résidences surveillées, c’est qu’il est représentatif des visions de l’État Français en ce qui concerne la Corse : « un territoire de la république disposant d’un statut à dérogations limitées ».
Le message envoyé à Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni est en substance très clair : « si vous voulez d’autres avancées, ce sera dans ce cadre, avec d’autres interlocuteurs et il vous appartient de convaincre…». Il ne pouvait être plus clair. Preuve par la démonstration, que, lorsque l’on demande peu, on n’obtient pas grand chose.
Preuve par l’évidence des faits, que, sans mobilisations actives sur le terrain, le rapport de force strictement conditionné par les jeux institutionnels trouve rapidement ses limites.
Et ce ne sont pas les perspectives des résultats des élections présidentielles et législatives à venir qui autorisent quelques espoirs. Pire, ils sont annonciateurs de politiques économiques et sociales aux effets dévastateurs, particulièrement pour les couches populaires.
Certes les élections en vue de l’instauration de la future collectivité unique sont importantes, dans la mesure où notre société pourrait voir le retour aux affaires du ban et de l’arrière ban de tous les partisans du statu-quo, voire de la régression. Mais la reconduction d’une majorité nationaliste n’aurait que peu de portées s’il ne s’agissait que pratiquer la politique du « possible ».
L’urgence commande de réinvestir le terrain des luttes, comme ce fut le cas à Santa Reparata. Aux luttes pour la préservation du foncier agricole et contre la spéculation immobilière, doivent impérativement s’ajouter les mobilisations sur les questions sociales, sur les plans culturels et économiques. Cela dessine, dans l’éventualité d’une réelle volonté politique, les contours d’un projet de société réellement alternatif au libéralisme ambiant. Système qui, est amplement conforté par les politiques de l’Europe.
Nous renouvelons notre appel à toutes les forces politiques, associatives et syndicales du mouvement national afin que par le dialogue se dégage un consensus qui place la question sociale au cœur de nos préoccupations collectives. La désignation sans large consultation des futurs candidats d’une partie du mouvement national, ne va pas dans ce sens, mais il n’est pas encore trop tard pour mieux faire à ce sujet comme au sujet d’un rassemblement actif de toutes les forces vives.
Notre message collectif, en tenant compte de toutes les véritables sensibilités politiques à l’exclusion sans ambiguïté de l’extrême droite, doit se fonder sur une mobilisation d’ampleur afin de signifier à l’État Français que notre histoire en tant que Nation se poursuit et qu’il est dans l’obligation dans tenir compte.
A MANCA