Les fascistes ne font pas le printemps.
En démissionnant du FN, Christophe Canioni l’élu d’extrême droite, n’abandonne rien. Il conserve son siège au sein de l’assemblée de Corse, ses « idées », et, ses obsessions. Le néo-fascisme lui colle à la peau, mais il le teinte, en opportuniste avéré, aux couleurs brunes propres aux courants d’extrême droite qui tentent de se revendiquer de la défense des intérêts du peuple corse.
Quatre thèmes récurrents guident sa démarche : Le refus de la notion de « communauté de destin », Les flux migratoires, La notion de « peuple de souche », Les racines chrétiennes de la Corse.
C’est avec ce bagage, qu’il se revendique de l’autonomie en créant de toute pièce un mouvement politique en plagiant, une fois de plus, le mouvement nationaliste. Le calcul de cet héritier des factions irrédentistes d’extrême droite est simple. Après les événements des Jardins de l’Empereur, de Siscu, de Lupinu et de Prunelli di Fium’orbu, il spécule sur la possibilité de créer un espace nationalo-autonomiste ancré sur le terreau du racisme et de la xénophobie.
« Avvene Corsu » (sic..) son mouvement en gestation, vient donc s’ajouter à la myriade de groupes et bandes qui s’agitent dans les bas fonds de la facho-sphère. Y aura-t-il concurrence alors avec les animateurs de Leia Naziunale ? Certes les néo-fascistes ne sont pas à l’abri de la bataille des égos, mais le risque n’est pas là. C’est la surenchère à laquelle ils vont immanquablement se livrer qui peut produire d’autres événements comme ceux déjà évoqués et de fait donner des encouragements à ceux qui, armes aux pieds, ne rêvent que d’en découdre violemment avec les ennemis désignés par leurs chefaillons.
D’ors et déjà des caps sont franchis dans cette direction. Il n’y a pas si longtemps, un groupuscule violent, perpétrait des attentats contre des immigrés. Sur les réseaux sociaux, les appels à la haine côtoient des menaces explicites. Le raciste lambda s’est décomplexé et peut à loisir, dans les lieux publics, sur les ondes et sur la scène politique donner libre cours à sa logorrhée fascisante. Dans certaines salles de sport ainsi que sur des sites dédiés à la pratique de l’air-soft ou du paint-ball, des apprentis phalangistes s’entrainent en attendant de passer à l’action. Chez les fanatiques, la règle est hélas immuable, en Corse comme ailleurs.
Leur morbidité doit pouvoir trouver son aboutissement et cela peut arriver si le nécessaire cordon sanitaire n’intervient pour les contenir et les marginaliser.
Ce cordon ne peut seulement être tissé sur des valeurs communes comme la défense des droits de l’homme. A cet aspect doit s’adjoindre sans la moindre hésitation, une politique culturelle, économique et sociale qui, en tournant le dos aux folies du libéralisme, apporte des réponses de fond aux dizaines de milliers de femmes et d’hommes qui subissent le chômage, la précarité, le mal-logement et l’exclusion sociale.
Non, ce n’est pas le Burkini qui fabrique le sous emploi. Ce n’est pas l’immigration qui menace la langue corse. Ce ne sont pas les travailleurs détachés qui sont responsables des bas salaires. Les richesses produites par l’industrie du tourisme ne sont pas confisquées par des potentats étrangers. Ceux qui affirment le contraire mentent sans vergogne, quand ils ne sont pas directement les complices des rapines économiques qui affectent notre pays.
Depuis sa création, A Manca, propose un plan d’urgence économique et social afin d’emmener des réponses concrètes dans les domaines de : l’emploi, des salaires, de la fiscalité, du logement, des transports. Il est vital de mettre un terme à l’austérité et donc d’obliger les institutions financières et bancaires à investir dans des espaces économiques laissés en jachère comme pour exemple, la production agricole. Il est indispensable de mettre un terme à la spéculation immobilière en défendant d’une part les espaces naturels et d’autre part en construisant des logements sociaux écologiquement performants.
Il n’est plus admissible que les bénéfices réalisés par les groupes de l’agro-alimentaire soient générés par l’emploi massif à temps partiels (phénomène qui touche prioritairement les femmes) et par une politique de prix sans cesse à la hausse, particulièrement lors des saisons estivales. Il est inconcevable que les salaires ne soient pas identiques entre les femmes et les hommes et qu’ils ne soient pas de plus alignés sur le coût réel de la vie.
Il est totalement contre-productif de voir des milliers d’hectares de terres cultivables supprimées par la construction exponentielle de résidences secondaires. Il est dangereux de laisser aux seuls intérêts privés le soin d’organiser nos liaisons aériennes, maritimes et terrestres. Il n’est plus admissible que la notion de travail manuel soit dévalorisée et que l’échec scolaire devienne endémique.
Nous réaffirmons notre volonté de porter ses mesures, sans exclusives d’autres propositions, dans une démarche ancrée sur les droits historiques du peuple Corse. Cet appel s’adresse au monde du travail au-delà des origines des uns et des autres et ce dans le cadre d’une communauté de destin, fraternelle, juste et débarrassée de toutes les formes de dominations.
C’est seulement ainsi que seront rejetés aux poubelles de l’histoire les avatars de la bête immonde.
A MANCA