Denis Luciani est un militant politique, militant de Femu a Corsica, dont les propos ont été régulièrement relayés sur le blog fasciste Corsica Patria Nostra et aussi plus ‘récemment par le fasciste Patrick Pozzo di Borgo.
Depuis 2012 ce militant précise, chaque fois que l’occasion lui est donnée, son corpus idéologique hérité directement de l’extrême-droite française.
Dans une libre opinion publiée dans le mensuel Corsica de mars 2012 « Peuple, langue et citoyenneté » Denis Luciani s’est livré à une lecture ethnicisante de la démographie insulaire sur les cinquante dernières années, qui se réfère à l’« ascendance corse par le jus sanguis», par le droit du sang, et qui affirme de ce fait qu’une partie de la population insulaire ne saurait être reconnue comme « corse ». Il s’agit d’une remise en cause frontale de la Communauté de destin.
Le samedi 7 décembre 2013, invité par le cercle fasciste Petru Rocca, Denis Luciani a donné au Best Western de Bastia une conférence intitulée « La Corse et l’Islam ». C’était là une façon de soutenir son éditeur, Christophe Canioni, patron des éditions Anima corsa, qui depuis est élu Front National à l’Assemblée de Corse. Il a depuis, par ailleurs, donné une interview sur Indipendenza TV, canal vidéo des représentants fascistes du MSE en Corse, ce qui conforte ses affinités politiques : https://www.youtube.com/watch?v=HHcKoK48k6k
Dans sa tribune « La Nation, Les migrations » (La Corse, N° 755, 31/01/2014) Denis Luciani traite les antiracistes et autres « bobos » partisans de la « fraternité » de lâches qui ne défendent pas la Nation contre les hordes immigrées. La citation d’Eric Zemmour en référence précise le fond idéologique de l’auteur. La LDH Corsica a démontré fort justement les éléments de langage communs entre Denis Luciani et des fascistes français de premier plan :
http://ldhcorsica.blogspot.fr/2014/02/tribune-publiee-dans-la-corse-votre.html
Tous ces rappels étant faits, la présence de Denis Luciani aux Jardins de l’Empereur aux côtés des ratonneurs de l’ex-VNC, le 25 décembre dernier, est on ne peut plus logique et s’inscrit bel et bien dans une continuité idéologique.
Denis Luciani est aussi le président de l’Associu di i Parenti Corsi (APC) depuis de longues années. À ce titre, il n’a de cesse de développer sur le terrain, dans le cadre des échanges avec les enseignants et les familles dans différents établissements scolaires, une vision élitiste, fermée et excluante des filières bilingues. En effet, ne peuvent y trouver légitimement place à ses yeux que les élèves issus de parents locuteurs corsophones « de naissance », ce qui est cohérent avec son idéologie.
Dans ce modèle de bilinguisme-, par ailleurs rappelons-le, combattu pied à pied par des nombreux praticiens, pédagogues et parents- la part de l’acquis est nettement sous- évaluée (chose pour le moins étrange en pédagogie ! ) et les filières bilingues se conçoivent tels des refuges identitaires fondés sur le droit du sang, refuges d’où serait banni tout plurilinguisme source de compétences approfondies mais aussi d’enrichissement et d’ouverture à l’altérité en vue de créer les conditions de la corsitude.
Cette conception xénophobe dont les discours de Denis Luciani sont porteurs, tend en pratique à chercher à exclure les élèves d’origine portugaise, maghrébine ou plus simplement non corse de ces structures qui se veulent « défensives » d’une identité de sang pure (cf. la pureté de la race) présentée comme menacée.
Si l’on en croit les dires de Monsieur Luciani, la dite « menace » vient clairement et exclusivement du sud de la Méditerranée. Il a en effet réactivé à de multiples reprises au cours de réunions scolaires la notion de « choc de civilisations » et présenté comme séculaire une opposition entre les rivages nord et sud de la Méditerranée, soit un nord chrétien paré de toutes les vertus et un sud musulman barbare irréconciliables.
Au-delà du caractère historiquement erroné de cette représentation (ce qui rend problématique sur un plan idéologique, la publication d’un fascicule dont il est l’auteur par le CRDP de Corse, publication en langue corse destinée aux enseignants et à leurs élèves intitulée Storia di Corsica et préfacée par l’Inspecteur de Corse et d’Histoire-Géographie), il faut comprendre à quel point ce modèle de bilinguisme nuit à la société corse dans son ensemble. Il porte avant toute chose un coup à la langue corse qu’il prétend défendre. Il combat en effet la vision multi-culturaliste d’une langue conçue comme facteur d’intégration sociale, comme machine à fabriquer des Corses et de la corsitude, seule conception à même de faire survivre le corse dans notre XXIème siècle et ses réalités démographiques.
Que ce soit sur le plan politique ou éducatif, le Zemmour corse veut que notre pays devienne une patrie de l’exclusion, de l’affirmation de la haine et du rejet de l’autre. A ce mortifère projet, les antifascistes doivent s’opposer.