Monsieur le Président de la Commission d’enquête,
Militants anticapitalistes, membres du Collectif loi littoral depuis sa création, impliqués dans plus d’une circonstance pour la défense des espaces naturels collectifs de Corse, nous demandons tout d’abord, respectant en cela les engagements pris dans le cadre du CLL, le maintien de l’inconstructibilité réelle des terres agricoles de bonne potentialité, étant donné que selon le livre blanc des assises du littoral de 2013, « les capacités d’accueil des zonages ouverts à l’urbanisation des seules communes littorales permettent déjà de doubler la population de la Corse ».
Nous voulons que les ZNIEFF de type 1 et les sites inscrits et classés demeurent des ERC.
Nous tenons en outre à manifester notre étonnement face à l’indigence du matériel dont disposent les concepteurs de cartes du PADDUC puisqu’ils n’ont pu trouver qu’une mine de 2 millimètres afin de délimiter les espaces remarquables ….En arriverons-nous à la distribution de feutres pointe fine de 0,2 millimètres pour obtenir un trait de taille « responsable », représentant dix et non cent mètres ?
Nous déplorons l’inquiétant manque de précision des fonds de cartes, porte ouverte à toutes les interprétations et dérives.
Il nous paraît enfin invraisemblable de devoir réaffirmer la stricte inconstructibilité de la bande des cent mètres ; et pourtant, le flou entretenu par le PADDUC sur ce point, nous y contraint.
De manière générale, il nous semble indispensable de devoir préciser le seul choix de société envisageable pour qu’existe un avenir de la jeunesse corse. Ce choix qui doit sous-tendre le PADDUC ne peut être que celui du bien commun.
De la même façon que sont définis comme droits sociaux fondamentaux le droit à l’éducation, le droit à la santé, ou encore le droit au travail, il nous incombe par souci des générations futures de définir et imposer le droit à une terre préservée, seule garantie d’ affronter dans des conditions optimales les problématiques écologiques. De la même façon que l’accès à ces droits devrait être rendu possible par un service public de qualité, la gestion de la terre devrait relever de la même logique.
Un PADDUC digne de ce nom ne peut ni ne doit faire l’économie d’une vision à très long terme.
Une fois nos ressources naturelles épuisées, une fois nos espaces naturels vendus ou privatisés au nom d’un modèle libéral délétère, il sera impossible de faire machine arrière.
A Manca tient aussi à revenir sur un point plus particulier concernant Calvi :
Le vote défavorable de la Municipalité calvaise concernant la cartographie du PADDUC à Calvi se fonde sur une volonté politique du tout déclassement au nom d’un modèle de prétendu développement libéral, masque de ce que nous nommons le totalitourisme.
Toute la pinède est un site inscrit : toutes les parties naturelles d’un site inscrit sont des espaces remarquables et, comme indiqué plus haut, doivent le rester.
Parce que le « club olympique », situé dans la pinède, n’a pas de permis de construire, le TA considère que ce bâti n’existe pas … c’est donc une partie naturelle de l’espace, donc déjà un ERC. Cela nous prouve l’incompétence infinie de la Municipalité de Calvi.
Rappelons que l’absence de permis de construire rend illégale l ‘implantation du « Club olympique ».
Quant à la zone de l’ALSH que la Mairie veut à toute force s’approprier, c’est une ZNIEFF 1 et un ERC par jugement du TA et de la CAA ( la commune n’a pas fait appel).
Pour résumer, il faut laisser toute la pinède tranquille et donc accepter et défendre la cartographie de la CTC sur cette zone précise.
Nous savons en outre que la commune souhaite déclasser 95 ha de terres agricoles. Or, demander comme l’a fait la Municipalité de Calvi, le déclassement des ESA (espaces stratégiques agricoles) ne relève pas de la volonté de mise en oeuvre d’un « développement maîtrisé » comme elle le prétend.
C’est bien plutôt un choix politique unilatéral, fait au nom des intérêts d’une minorité en contradiction directe avec ceux de la majorité. C’est le choix d’une mono-activité touristique aussi périlleuse que prédatrice.
En effet, renoncer à une activité productive (l’agriculture sous toutes ses formes, y compris le maraîchage, garantie d’une auto-suffisance alimentaire) au profit d’une mono-activité de service, présente de nombreux risques et aléas.
Plusieurs jeunes agriculteurs ne peuvent s’installer faute de terres en Balagne parce que certains propriétaires espèrent un classement en zone constructible porteur de dividendes.
D’autres en revanche, désireux de conserver leurs terres en l’état risquent malheureusement pour leur part, de se trouver exposés aux pressions diverses et variées.
Aurons- nous besoin de tragédies pour que le PADDUC comprenne quels intérêts il doit servir : ceux de la collectivité, du plus grand nombre, du peuple corse.
L’absence actuelle d’activité agricole, n’implique pas, loin s’en faut, que cette absence durera toujours. On peut d’ailleurs considérer que c’est au PADDUC d’inverser la vapeur et de créer les conditions d’un véritable développement durable.
Pour finir, quant à l’argument d ‘un indispensable développement des logements, il est largement irrecevable lorsque l’on sait que la politique urbaine de la ville favorise l’implantation de résidences secondaires au détriment des locaux (d’après l’INSEE, Calvi compte plus de 48 % de résidences secondaires et plus de 6 % de logements vacants).
Pour toutes ces raisons locales ou plus globales, nous formons le vœu d’être pris en considération, eu égard à la représentativité qui est la nôtre, modestes citoyens de ce pays , image du peuple corse dans sa simplicité revendicative.