Comme l’a une fois de plus révélé le dernier conflit social à la SNCM, la question de la maîtrise par le peuple corse de ses transports maritimes est plus que jamais d’une urgente actualité.
A Manca participera à toute réunion publique qui débat de l’avenir des transports maritimes pour y défendre des positions claires.
- Il appartient au peuple corse de rechercher une solution pérenne dans le domaine des transports maritimes. Cette solution rend incontournable un état des lieux en forme de bilan. Deux phénomènes au moins sont directement à l’origine des problématiques de l’heure : la libéralisation voulue par l’Europe (et acceptée par les états membres) accompagnée d’une déréglementation ayant principalement touché le statut des marins. À ces deux facteurs s’ajoute antérieurement la gestion bureaucratique de la SNCM par les lobbies politiques et syndicaux actifs sur les ports de Marseille.
• Seules les représentations politiques, syndicales et associatives de la Corse possèdent la légitimité indiscutable pour promouvoir une solution garante de nos intérêts collectifs.
• La définition « d’intérêts collectifs » nécessite des clarifications. Cette notion clef a pour fondement le droit de tous les Corses à accéder aux transports publics à des conditions tarifaires correspondant au niveau de vie des populations. Les producteurs de biens et de denrées ainsi que les transporteurs doivent bénéficier de tarifs et de prestations qui tiennent compte des réalités économiques (étroitesse des marchés, taille réduite des entreprises, saisonnalité et par là même vulnérabilité des productions et des activités). Les intérêts des consommateurs doivent être impérativement pris en compte. En conséquence, les prix doivent être fixés sans que la part du coût des transports engendre une inflation rendant ces prix prohibitifs.
- Par une harmonisation valorisante du statut des marins, les compagnies doivent se voir contraintes à garantir des conditions sociales équivalentes (que ce soit en matière de revenus ou de libertés syndicales) pour tous les salariés de la mer.
Pour avoir accès au port et être en situation contractuellement éligible de commercer, les compagnies, qu’elles soient publiques ou privées, devront remplir des conditions fondées sur le respect de la législation du travail la plus favorable qui soit à la défense des intérêts des travailleurs. De cette façon et de cette façon seulement, seront garanties des règles d’équité destinées à mettre un terme au dumping social.
• Le recrutement des personnels implique la corsisation des emplois. Les organismes de formation aux métiers maritimes doivent être dotés des moyens et compétences susceptibles de valoriser les filières locales (cela nécessite une mise en adéquation entre les orientations scolaires et les besoins).
- Une compagnie maritime corse de service public, financée par les deniers publics implique la notion de contrôle collectif par les voies et les moyens des représentations politiques, associatives et syndicales.
• Par l’annualisation des politiques tarifaires qui interdit l’existence de hautes et basses saisons, sources d’inégalités insupportables, doit être garanti le droit à un accès égal aux prestations de transports, c’est-à-dire un accès tenant compte de nos intérêts collectifs.
• La notion de service minimum doit être abolie. Le dialogue social implique le droit des salariés des transports à une libre gestion de leurs outils de travail. Les conseils d’administration doivent être composés de représentations d’usagers, de salariés et de représentants des collectivités locales, le tout à stricte égalité numérique et à prérogatives égales.
• Les bilans annuels doivent faire l’objet d’une lisibilité permettant la pratique démocratique du droit de regard et de gestion.
• Il nous faut résolument porter le projet de création d’une compagnie régionale de service public dans le cadre d’une Société Publique Locale d’intérêt général, dont les deux actionnaires seraient la Collectivité Territoriale de Corse et un second actionnaire public ou assimilé.
• Ce projet passe par la récupération d’une partie de la flotte de la SNCM qui soit adaptée à la continuité de service public pour la population corse grâce à la créance de la C.T.C vis-à-vis de la S.N.C.M .
Cette société 100% publique sortant du cadre de l’appel d’offre, serait tout à fait viable à court terme. La condition de sa survie passe par une capacité d’autofinancement à construire. La stratégie de développement de cette compagnie publique impose nécessairement la rupture du lien de subordination aux seuls ports français afin de se projeter dans l’environnement économique naturel, que représente la Méditerranée depuis les quelques milliers d’années précédant la colonisation française.
À moyen et long terme, la compagnie publique serait parfaitement viable sur la base d’une diversification des flux de marchandises.
La diversification des sources d’approvisionnement pourrait aussi avoir une incidence positive sur la cherté de la vie en Corse, en remettant en cause le monopole des centrales de distributions françaises.
A Manca s’avère résolument opposée au projet d’une SEM (Société d’Economie Mixte) financière, qui verrait le peuple Corse dépossédé de ses moyens de transports au profit de capitalistes désireux de mettre en coupe réglée les infrastructures vitales de la Corse ainsi que de renforcer dans notre pays des flux financiers très douteux.
Sur le fond et à plus long terme, la maîtrise publique des transports maritimes ne peut être garantie que par une sortie du droit commun européen par le biais de mesures dérogatoires. Cela est possible à condition que s’exprime et se manifeste une volonté politique garantissant fermement les intérêts de la Corse. Une mobilisation d’ampleur est la condition sine qua non de l’existence de cette volonté politique nécessaire.
Ayons bien à l’esprit que l’avenir de la Corse ne peut se décider en Corse que par et pour les Corses.
A MANCA