Les résultats des élections municipales de 2014 en Corse nous livrent divers enseignements incontestables.
Tout d’abord, on peut dire qu’ils consacrent la déroute de la gauche dans sa diversité (claniste ou progressiste) dans de nombreuses grandes villes. Une telle débâcle nous indique clairement que cette gauche échoue à être a minima une force de résistance et plus encore, une alternative crédible, une force de proposition travaillant à de profondes transformations sociales. La teneur de certaines campagnes menées dans les rangs de la gauche progressiste, par leur hyper personnalisation, a également contribué à la défaite, vidant le discours de son contenu idéologique et par là même, de son sens aux yeux de nombreux électeurs potentiels.
Dans le même temps, mathématiquement, la droite et l’ensemble de la famille libérale remportent, seule ou dans le cadre d’alliances, une victoire certaine. Dans le contexte économique de notre île, frappée par un totalitourisme prédateur aux conséquences sociales dramatiques pour le monde du travail, gangrené par la flambée sans précédent des appétits mafieux en quête de marchés juteux sur le littoral comme dans l’intérieur, une telle victoire du camp libéral est plus qu’inquiétante. Les intérêts des classes populaires ne sont donc ni représentés ni défendus si l’on en croit le choix des urnes.
Quant au mouvement national, il sort profondément meurtri et divisé de cette aventure électorale, théâtre d’affrontements inédits entre tendances. Le mythe de l’union nationaliste s’avère d’ailleurs le plus sévèrement ébranlé. Les mois à venir nous diront comment s’organisera la nécessaire recomposition de la dite famille nationaliste. Nous appelons pour notre part les patriotes sincères et égarés à réfléchir avec recul sur la leçon à tirer de ces municipales.
L’hyper personnalisation de la campagne a contribué à la dépolitisation des enjeux. C’est ainsi que les sujets centraux ont été absents des discours et des programmes. La question des déchets, de leur traitement et des coûts que cela engendre n’a pas été abordée. Or cette problématique concerne les équilibres écologiques et la fiscalité. Elle est en lien avec l’accroissement des populations au moment des pics de fréquentation estivaux. Qui paye ? Pour quelle quantité ? Qui organise le traitement et pour quels coûts ?
La marchandisation des ressources naturelles et en particulier celle de l’eau, la production des énergies, de son actualité et de son devenir, la pression écologique sur les zones littorales et montagneuses, autant de problématiques délibérément contournées.
En conséquence, puisque la voie électorale consacre plus que jamais et sans surprise l’effondrement de la défense des intérêts des classes populaires, nous militants et militantes d’A Manca, organisation politique représentant ces mêmes intérêts, invitons le monde du travail à s’investir pleinement et à s’organiser comme nous le ferons nous- mêmes sur le terrain des luttes sociales à venir.
A MANCA