GUERRE EN UKRAINE : A BAS TOUS LES IMPÉRIALISMES !
L’agression de la Russie contre un peuple souverain est insupportable et doit être condamnée par toutes celles et ceux attachés au droit à l’autodétermination des peuples.
Ce principe intangible ne peut être à géométrie variable.
Comme dans toutes les guerres décidées par les détenteurs de capitaux, ce sont les populations civiles qui paient le plus lourd tribut, à court et à long terme. Les troupes russes doivent se retirer de l’Ukraine, mais la situation politique qui a amené à ce conflit doit être analysée dans le détail.
L’OTAN LAVE PLUS BLANC ?
L’OTAN est très mal placée pour se poser en défenseur de la stabilité et de la démocratie en Europe. Les 9 et 10 février 1990, le secrétaire d’État américain James Baker et les dirigeants allemands et français avaient garanti à l’URSS que jamais l’OTAN ne s’étendrait « d’un pouce » vers l’Est. Et ce précisément, pour permettre à l’URSS de s’engager pleinement dans de nouveaux rapports normalisés afin de rendre le marché européen plus sûr dans leur logique capitaliste. Contrairement aux mensonges de l’actuel secrétaire général de l’OTAN, cette position avait été réaffirmée en mars 1991 par l’OTAN (cf. document déclassifié publié par Der Spiegel).
Au motif que l’URSS n’existait plus, et cédant au lobbying d’oligarques vivant aux États-Unis, l’administration Clinton est progressivement revenue sur cette promesse et l’OTAN a intégré de nombreux pays de l’ancien pacte de Varsovie. La volonté de cette organisation militaire liée aux intérêts nord-américains de toujours vouloir s’étendre un peu plus vers l’Est, ne pouvait être perçue que comme une menace par la Fédération de Russie, quelle que soit la nature de son régime en place. Et ce d’autant plus que l’OTAN a refusé d’intégrer la C.E.I quand Eltsine l’avait proposé. L’OTAN a donc une responsabilité historique directe dans l’escalade en cours.
POUTINE CONTRE LE FASCISME ?
Ceux qui voient dans l’ancien colonel du KGB l’homme qui veut ressusciter l’URSS et combattre les fascismes se trompent. Si Poutine reprend bien à son compte les méthodes de l’appareil policier et de la propagande du Stalinisme, le côté high-tech en plus, c’est avant tout le nationalisme conquérant de la Russie Impériale qui constitue son socle idéologique actuel. La référence à la ‘dénazification’ parle à la mémoire du peuple russe, héros de la Seconde Guerre Mondiale, mais la réalité est tout autre.
Rien sur le fond, absolument rien, ne permet de distinguer un nazi ukrainien portant fièrement les insignes du fasciste ukrainien Bandera, de son ennemi néo-nazi du groupe de mercenaires russes Wagner ou issu des milices paramilitaires pro-russes du Dombass. Sur le terrain, il ne fait pas bon être un.e militant.e de Gauche en Russie comme dans le Donbass.
Poutine est le héros de nombreux nationalistes et populistes dans le monde entier et ce, jusqu’en Corse. Le culte de l’homme blanc viril et fort, guidé par sa foi et rejetant toutes formes de minorités, représente un modèle de société qui fait rêver de nombreuses extrême-droites et fait peser une menace sur les libertés fondamentales des peuples.
Non, disons-le clairement, Poutine ne mène pas une guerre antifasciste en Ukraine, il est au contraire une icône des courants néo-fascistes contemporains (Ukrainiens exceptés).
LE COMBAT DE LA CIVILISATION CONTRE LE MAL ?
La présentation faite par les dirigeants et journalistes occidentaux d’une guerre déclarée au monde civilisé par Poutine est aussi pathétique, qu’outrancière. Dans les guerres d’influences impérialistes pour le leadership de l’économie globalisée, cette leçon de morale est insupportable pour toutes celles et ceux attachés réellement aux droits de l’Homme et des peuples. Le peuple ukrainien a été pris en otage entre occidentaux voulant mettre en place un régime oligarchique au service de leurs intérêts financiers et la Russie qui veut faire exactement la même chose.
Quand la CIA a instrumentalisé (et elle a une solide expérience dans ce domaine) l’opposition ukrainienne pour opérer un coup d’État contre un gouvernement légitimement élu, et quand quarante militants pro-russes ont été brulés vifs à Odessa, il n’y a eu aucune réaction indignée de la part du ‘Monde civilisé’. Dans le même temps, quand la Fédération de Russie a annexé la Crimée, elle a immédiatement été exclue du G8.
Soit, alors si les sanctions passées et actuelles sont faites au nom de valeurs civilisées et humanistes, on attend avec impatience les sanctions contre la Chine et les Monarchies du Golfe qui piétinent au quotidien les peuples, sauf à considérer que les génocides en cours (Yemen, Ouigours) sont moins graves qu’une guerre d’annexion. Sauf à hiérarchiser l’importance des génocides perpétrés. Pourquoi ces deux poids, deux-mesures ?
Le cynisme des concurrents impérialistes qui avancent leurs pions sur le dos des peuples est tout simplement à vomir. Non, nous ne décernons aucune médaille aux impérialistes d’où qu’ils viennent.
Seule une conférence de paix rapide pourrait tirer le peuple ukrainien de l’ornière mortifère dans laquelle il se trouve. Cette conférence ne devra pas seulement concerner le retrait des troupes russes mais aussi évoquer la remise en cause de l’OTAN pour une Europe réellement indépendante et sécurisante pour ses voisins.
S’il est bien une certitude, c’est que tant que les impérialistes dirigeront le monde, les peuples ne seront pas en sécurité.
A MANCA