Malgré la neige, la pluie et la grêle, nous étions des milliers dans les rues d’Aiacciu ce samedi 3 février 2018.
Cette manifestation, par son succès, compte parmi les plus importantes que le mouvement national ait initié, et ce depuis celle de Bastelica-Fesh.
Ce n’est pas un pari qui a été gagné, c’est un premier pas vers une réactivation des mobilisations sans lesquelles aucune avancée politique ne peut être envisagée. Certes, le consensus autour de la plate forme de revendications portée par l’actuelle majorité nationaliste, est fondé sur un socle minimal. Il ne constitue pas pour autant un horizon indépassable. La route qui mène vers un plein exercice de la souveraineté est ouverte, et cette route ne dépend sûrement pas des seules urnes.
Cependant, tous ceux, de la gauche moribonde française à la droite décomposée, qui se sont refusés à défendre au moins un principe démocratique, tous ceux là donc se sont encore une fois disqualifiés aux yeux de la majorité du peuple corse. Dans les faits, ils se sont rangés derrière ce gouvernement et ses chefs qui se refusent encore pour le moment à admettre qu’il y a un peuple corse et que celui-ci n’entend absolument pas capituler en rase campagne.
Le parti pro-français n’a toujours pas renoncé à s’opposer à l’accession de notre pays à une dimension universelle. Dans ce registre, la palme revient au PCF et à la CGT, qui par leurs positionnements, mettent en opposition la question sociale et la question nationale, n’hésitant pas au besoin à procéder à une réécriture de l’histoire.
Malgré cela et les diatribes surréalistes de la droite en décomposition, malgré cela donc, la manifestation par son succès, délivre un message clair à Macron : le peuple corse, dans sa diversité, n’entend pas se soumettre au fait du prince. Comme il n’entend pas non plus que ses terres, en particulier les zones littorales, puissent faire l’objet de sordides et inacceptables tractations.
C’est sur ce premier point que la mobilisation doit se prolonger car la spéculation foncière et immobilière porte des coups mortels à nos conditions de vie. La flambée des loyers qui pénalisent lourdement les classes populaires est une des conséquences majeures de ce fléau.
Le deuxième point porte sur la coofficialité. Bien sur, pour que notre langue redevienne la langue du « pain », la parité entre la langue corse et le français ne suffira pas, mais sans cette égalité le risque de voir notre langue reléguée au musée de l’histoire est grand. Nous y perdrions alors plus qu’un symbole, mais une manière d’être au monde.
Le troisième élément concerne le rapprochement des emprisonnés, la cessation des poursuites à l’encontre des personnes recherchées et une loi d’amnistie.
Sur ce dernier point, il faut se souvenir que des lois d’amnistie ont bénéficié au siècle dernier à des personnes coupables de collaboration avec les nazis et aux activistes d’extrême droite de la sinistre OAS. A son accession au pouvoir François Mitterand avait eu le courage politique d’en faire bénéficier tous les patriotes condamnés par la cour de sûreté de l’État. Il est donc clair que la France, lorsqu’elle tend à mettre un peu de baume sur les plaies de son histoire, sait comment procéder.
Au delà de ces points, bien des chantiers sont ouverts ou le seront immanquablement. La question sociale doit recevoir d’autres réponses que des constats larmoyants. La formation des prix, la cherté des loyers, la réhabilitation concrète du travail manuel, le coût des transports, la gratuité réelle de l’enseignement et l’adéquation entre les salaires et le coût réel de la vie (la liste n’étant pas exhaustive, comme l’accès aux crèches et garderies), sont autant de questions que les prérogatives de la collectivité unique permettent de traiter positivement. A Manca portera sans relâche ses efforts dans ces domaines, car c’est cela la véritable démocratie.
Aujourd’hui, par notre détermination, nous devons dans nos diversités, défendre sans la moindre hésitation les intérêts de ce qui reste et demeure notre bien commun, la Nation Corse, en tant que cadre expurgé de toutes les formes d’aliénation.
A MANCA